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Les annonces de la BCE font (presque) l'unanimité

Le CAC40 a progressé de plus de 3% grâce aux déclarations de Mario Draghi

Le CAC40 a progressé de plus de 3% grâce aux déclarations de Mario Draghi - -

Le nouveau programme de rachats de dette de la BCE a vraisemblablement convaincu les investisseurs, ce jeudi 6 septembre. Tout le monde semble satisfait... à l'exception de la Bundesbank.

Mario Draghi n’a finalement pas déçu les marchés, en annonçant le nouveau programme de rachats de dette sur le marché secondaire de la Banque Centrale Européenne (BCE). Bien au contraire, les déclarations du patron de l’institution européenne ont clairement permis un véritable envol des indices boursiers.

A la clôture le CAC40 gagnait 3,06% à 3509 points et les bourses de Londres et Francfort décollaient de respectivement 2,91% et 2,11%. Les marchés américains étaient également portés par la BCE, gagnant tous plus de 1,8%. Et du côté des valeurs, les banques figuraient dans le haut du palmarès. Le Crédit Agricole grimpait ainsi sur la plus haute marche du podium du CAC40, avec une hausse de plus de 8,4%.

Sur le marché de la dette, les coûts d’emprunt des pays en difficulté ont nettement baissé, montrant que les investisseurs ont été rassurés par la BCE. Les taux espagnols à 10 ans sont ainsi passés sous la barre des 6%, et ceux de l’Italie ont connu une détente spectaculaire de 25 points de base, à 5,24%.

Des annonces importantes

Mario Draghi a ainsi réussi un subtil jeu d’équilibriste. Les annonces du président de la BCE ont convaincu alors qu’une partie des modalités du programme de rachats de dette avait été anticipée par les marchés. Mais les détails donnés par le banquier central ont satisfait les investisseurs. Gilles Moec, co-directeur des études économiques de la Deutsche Bank, interviewé dans Intégrale Bourse sur BFM Business, parle d’un "jour historique" et estime que la BCE s’est dotée "de l’arsenal dont elle a besoin pour des interventions efficaces".

Il salue ainsi le fait que ces interventions soient illimitées en termes de temps et de montant et qu’elles portent sur des maturités de un à trois ans. Pour lui, les fonds de secours européens pourront agir sur les durées plus longues, ce qui permettra de faire baisser l’ensemble des coûts d’emprunts des pays en difficulté de la zone euro. Autre point important : l’abandon du statut de créancier privé. "C’est important" car jusque-là "ce statut avait érodé les interventions de la BCE", note Gilles Moec qui conclut : "on aura une banque centrale qui sera là et qui pourra soutenir de manière crédible les signatures souveraines actuellement en difficulté".

Angela Merkel approuve le programme de la BCE

La balle est désormais justement dans le camp des pays fragilisés de la zone euro, qui sont explicitement visés par ce plan d’action. Ceux-ci devront formuler une aide auprès des fonds européens pour voir la BCE voler à leurs secours. Et l’Espagne, le pays le plus en difficulté sur les marchés, n’a toujours pas sollicité d’aide en ce sens.

L’Allemagne, par la voix de sa chancelière Angela Merkel, a elle approuvé les annonces de Mario Draghi. La chef du gouvernement allemand a en effet tenu à souligner que la BCE agit "dans le cadre de son indépendance et de son statut", peu après les annonces de Mario Draghi. Pour Gilles Moec "le gouvernement allemand est soulagé du choix de la BCE" même "s'il ne le dira jamais publiquement".

Du coup la Bundesbank,hostile à toute forme de rachats de dette de la part de la BCE, semble désormais bien isolée. Celle-ci a encore pesté ce jeudi, affirmant que "si le programme d'achat obligataire conduit les Etats membres à retarder les réformes nécessaires, cela sapera davantage la confiance dans la capacité des dirigeants politiques à résoudre la crise". Son président , Jens Weidmann,également membre du conseil des gouverneurs de la BCE, a très probablement voté contre le nouveau programme de rachat de dette de la BCE.

Julien Marion et Reuters