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Anticipant un veto de Berlin, un groupe chinois renonce au rachat d'une PME allemande

Yantai Tahai a renoncé à reprendre l'entreprise Leifeld Metal Spinning alors que le gouvernement allemand allait décider de mettre son veto sur le projet d'acquisition "pour des motifs de politique sécuritaire". Une première outre-Rhin.

L'investisseur chinois Yantai Tahai a renoncé ce mercredi à reprendre le fabricant de machines-outils allemand Leifeld Metal Spinning, anticipant un veto pour motif de sécurité nationale du gouvernement fédéral, inquiet face aux appétits de Pékin.

"L'acheteur intéressé a retiré sa demande de certificat de conformité (pour cette acquisition) qu'il avait déposée devant le ministère allemand de l'Économie", a déclaré une porte-parole de la PME, confirmant des informations de médias.

Ce retrait est intervenu juste avant que le Conseil des ministres ne décide mercredi matin d'un veto au projet d'acquisition du chinois "pour des motifs de politique sécuritaire", selon les termes utilisés par le ministère fédéral de l'Économie.

Berlin invoque la sécurité nationale

L'acquisition était censée se faire par l'intermédiaire de la filiale française de Yantai, Manoir Industries, une PME internationale active dans la transformation des métaux. Berlin a invoqué la sécurité nationale dans ce dossier du fait que Leifeld Metal Spinning, localisée à Ahlen, dans la Ruhr, et employant 200 personnes, fabrique des machines pour des secteurs stratégiques tels l'automobile, l'aviation, l'aérospatiale et l'énergie notamment nucléaire.

Berlin se méfie des appétits de Pékin et s'est doté il y a un an d'un décret censé les protéger des ambitions des investisseurs étrangers si ceux-ci veulent acquérir plus de 25% d'une entreprise liée aux activités stratégiques du pays. C'est la première fois que le conseil des ministres vote un tel veto, mais Berlin a déjà usé d'autres méthodes comme vendredi lorsque le gouvernement a acquis 20% du capital d'un gestionnaire de réseau d'électricité allemand pour bloquer son acquisition par un investisseur chinois.

L'appétit grandissant des Chinois en Allemagne

La hausse des prises de participations chinoises en Allemagne est impressionnante. En 2017, elles représentaient 12 milliards d'euros pour 36 transactions, contre 11 milliards l'année précédente et surtout contre seulement 663 millions en 2015, selon l'Institut de l'économie allemande, un centre de recherche et d'analyse. Berlin ne bloque pas pour autant systématiquement tous les investissements chinois dans son tissu industriel. Ainsi, début juillet, 22 projets ont été officiellement signés en présence Li Keqiang et d'Angela Merkel.

À la suite du renoncement du chinois Yantai Tahai à reprendre Leifeld, l'actionnaire unique de cette dernière depuis une dizaine d'années, Georg Kofler, compte désormais "examiner et planifier la mise en Bourse de l'entreprise", affirme sa porte-parole. L'opération pourrait encore se faire cette année à la Bourse de Francfort.

P.L avec AFP