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Le Japon va redevenir un exportateur d'armes

Le Japon produit notamment des fusils d'assault et des chasseurs-bombardiers.

Le Japon produit notamment des fusils d'assault et des chasseurs-bombardiers. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

Depuis la guerre froide, le Japon ne vendait plus d'armes à l'étranger. Mais le gouvernement de Shinzo Abe a décidé de mettre fin à cette auto-censure.

Après 50 ans de restrictions, le Japon a décidé de revenir sur le marché de la vente d'armes. Le pays a en effet levé, ce mardi 1er avril, son auto-interdiction d'exportation. Le gouvernement de Shinzo Abe a approuvé une nouvelle doctrine en la matière qui remplace cet interdit datant de 1967, a annoncé le secrétaire général du gouvernement.

Le Japon produit notamment des munitions, des fusils d'assaut, des chars, des navires, des chasseurs-bombardiers F2, un hydravion quadri-moteur longue portée, l'US-2, qu'il essaye de vendre en Inde.

En 1967, en pleine guerre froide, le Japon avait décidé d'interdire les exportations d'armes vers les pays communistes, ceux sous un embargo de l'ONU sur les ventes d'armes, et les pays impliqués dans des conflits internationaux ou susceptibles de l'être.

Ces restrictions avaient été encore renforcées en 1976, aboutissant à une interdiction totale des ventes d'armes.

Plus qu'une interdiction, cette décision représentait un interdit quasi moral que le Japon s'infligeait en tant que pays vaincu. Et ce en ligne avec le pacifisme de la Constitution imposée par le vainqueur américain en 1947 et selon laquelle le Japon renonçait "à jamais" à la guerre.

Il reste que la question du "pacifisme" officiel du Japon, inscrit dans sa Constitution, tout comme celle des exportations d'armes ou d'une participation à des projets d'armements internationaux, restent très sensibles au Japon.

Selon un récent sondage réalisé par l'agence de presse Kyodo, près de 67% des Japonais seraient opposés à des exportations d'armes, contre 26 % qui y seraient favorables.

Pas de menace pour la paix

Désormais le Japon pourra exporter du matériel militaire - il préfère parler de matériel de défense, un terme moins martial - à des pays qui se situent le long de voies maritimes par lesquelles transitent les indispensables et vitales importations de pétrole et de gaz du Japon.

Il pourrait ainsi être question de l'Indonésie, du Vietnam ou des Philippines, pays riverains de la mer de Chine méridionale qui s'inquiètent, comme le Japon, des ambitions maritimes grandissantes de la Chine. Tokyo pourrait ainsi leur vendre des navires d'occasion.

Selon les nouvelles règles, le Japon s'interdit toutefois les exportations d'armes qui pourraient représenter une menace pour la paix et la sécurité mondiales. Le gouvernement s'assurera au préalable contre tout risque de ré-exportation vers un pays tiers.

Les nouvelles règles vont permettre le développement et la production d'armes en partenariat avec les Etats-Unis et des pays européens, ainsi que l'exportation d'équipements militaires à des fins pacifiques et humanitaires, comme dans le cas de missions de maintien de la paix de l'ONU.

Diane Lacaze avec AFP