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Economie et Social

Attaquer le Kenya, c'est attaquer l'Europe

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La prise d’otage à Nairobi ne doit pas être prise à la légère, notamment sur le plan économique. Le Kenya est un des pays les plus liés à l’Europe sur le plan économique.

Je crois et je pense que l’on néglige trop l’Afrique. Pas sur le plan politique. Notre classe politique a tissé des liens privilégiés avec certains régimes en Afrique et nous y faisons encore assez souvent la guerre. Mais cela nous masque la montée en puissance des économies africaines. Le Kenya par exemple est assez bien inséré dans la dynamique de la mondialisation. C’est devenu un producteur de thé significatif. Et surtout un producteur de légumes et de fleurs. Le Kenya est le premier fournisseur extérieur de fleurs de l’Union européenne et les roses que nous offrons à la Saint Valentin viennent du Kenya.

Pourquoi est-ce que nous passons à côté de la croissance africaine ?

Essentiellement parce que nous voyons dans l’Afrique un pourvoyeur en matières premières et pas assez de futurs débouchés. Les deux pays qui ont le plus de croissance en ce moment en Afrique sont le Nigeria et la Côte d’Ivoire. Le premier parce qu’il est producteur de pétrole. Il en produit autant que l’Algérie et la Lybie réunis. Nous devrions nous y précipiter. Le second parce qu’il y a un effet reconstruction après les affrontements entre le précédent et l’actuel présidents de la République. La croissance ivoirienne est de 8%. Nous sommes capables d’envoyer nos soldats, nos avocats médiatiques comme feu Jacques Vergès ou Roland Dumas, mais malgré quelques entreprises françaises performantes sur place, nous avons plutôt tendance à nous désengager. Or il ne faut pas oublier que la jeunesse du monde est africaine et la vieillesse européenne et asiatique. Il y a un enjeu qu’on ne peut ignorer.

Simplement, les événements de Nairobi montrent les risques que représentent les pays africains.

Il est certain que l’insécurité est encore forte en Afrique. Mais il serait d’autant plus absurde de fuir que nous sommes en partie visés-regardez le Mali, et le Kenya passe pour un pays historiquement pro-occidental-. Ce qui serait vraiment absurde, ce serait de se contenter d’envoyer l’armée mais de se fermer par ailleurs à l’Afrique. En retirant les investissements par exemple ; mais aussi en limitant le nombre d’étudiants que nous accueillons. Mme Fioraso veut nous faire parler anglais à l’université alors qu’il y a tant d’étudiants francophones qui veulent se former en France pour préparer la croissance de leur pays !!

Jean-Marc Daniel