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Automobile allemande : dialogue apaisé avec Donald Trump

Donald Trump ne veut plus chasser les berlines allemandes de New York... Mais que les constructeurs allemands investissent plus aux Etats-Unis.

Donald Trump ne veut plus chasser les berlines allemandes de New York... Mais que les constructeurs allemands investissent plus aux Etats-Unis. - ARMIN WEIGEL / DPA / AFP

Les patrons des grands constructeurs allemands ont rencontré le Président américain. L'hypothèse d'une forte hausse des droits de douane semble écartée dans l'immédiat.

Il y a quelques mois, Donald Trump s'emportait contre le nombre de Mercedes rutilantes sur la 5ème Avenue à New York. Allant jusqu'à menacer de les faire disparaître ! Le ton a bien changé depuis, même si il y a encore quelques jours, il menaçait encore les grands constructeurs allemands de droits de douane massifs, 25% au maximum.

D'où l'urgence d'une rencontre au sommet des responsables des grandes marques concernées, avec les autorités américaines. Au départ, les patrons ne devaient s'entretenir qu'avec le Ministre américain du Commerce, Wilbur Ross. Mais ils ont finalement réussi à s'entretenir avec Donald Trump en personne pendant 30 minutes, entrevue qualifiée de cordiale et constructive par les intéressés.

L'automobile allemande est aussi américaine

Car les fondamentaux restent les mêmes : les voitures construites en Allemagne et importées aux Etats-Unis sont taxées à 2,5%, alors que les voitures américaines, fabriquées aux Etats-Unis, le sont à 10% dès leur entrée sur le continent européen. Le résultat est un déficit commercial chiffré à 30 milliards de dollars, trop important au regard de Donald Trump.

C'est Dieter Zietsche, PDG de Daimler, ancien patron de Chrysler et figure très connue aux Etats-Unis (il y est surnommé Mister Z), qui était aux avant-postes lors de cette discussion. Il a assuré à l'issue des débats que « la menace de fortes taxes est largement réduite désormais. Notre objectif est commun : il faut que nous investissions plus sur le marché américain. Mais pour cela, il faut que les conditions de marché restent les mêmes ». En clair : faire comprendre à Donald Trump définitivement que l'automobile allemande est aussi, en partie, bien américaine.

Accélérer les investissements

L'idée des constructeurs allemands est similaire à celle des constructeurs japonais, jusque-là épargnés en matière de taxe douanière : mettre l'accent sur leur implantation aux Etats-Unis, et leur rôle d'investisseur et d'employeur américain de premier ordre, notamment dans les Etats du Sud (enjeu électoral toujours très important pour Donald Trump...). Le tout avec pour objectif d'éviter de nouvelles taxes sur les véhicules qu'ils y importent, soit 2/3 de leurs ventes dans le pays.

BMW et Volkswagen ont souligné leur présence industrielle sur le sol américain, où ils produisent dans leurs usines de Spartanburg et Chattanooga plusieurs centaines de milliers de véhicules par an. Production qui pourrait accélérer à la faveur d'investissements ces prochaines années, même si « aucune décision n'a été prise pour le moment » selon BMW.

Nouvelles implantations industrielles ?

Mais l'enjeu est clair. BMW produit dans son usine américaine l'écrasante majorité de ses SUV, modèles toujours extrêmement populaires et sans doute pour de nombreuses années encore. Ils sont exportés vers l'Europe, où le segment représente 40% du marché automobile, mais aussi vers la Chine. 

On comprend bien que le constructeur bavarois est pleinement au centre des sombres perspectives de guerre commerciale, et que de fortes taxes aux Etats-Unis lui compliqueraient sérieusement la tâche. Du coup, la décision d'implanter une nouvelle usine dans le pays, consacrée aux moteurs, fait son chemin. BMW qui a déjà investi près de 9,5 milliards de dollars aux Etats-Unis ces dernières années devrait y consacrer encore 600 millions d'ici 2021.

Enjeu du commerce mondial

Quant à Volkswagen, ses investissements futurs vont immanquablement accentuer sa présence aux Etats-Unis. Coopération avec Ford dans les nouvelles technologies automobiles, avec Microsoft également, et même Amazon, et le rôle moteur d'Audi pour le développement de véhicules électriques et de systèmes de chargement... Une bonne partie du plan géant de 44 milliards d'euros, dévoilé il y a quelques semaines par Volkswagen, concerne directement les investissements américains du groupe.

Les responsables de l'OMC l'ont rappelé hier concernant ce dossier automobile Allemagne/Etats-Unis, « hors de question de vivre dans un monde où chacun fait ses règles dans son coin ». De même, Angela Merkel a estimé il y a quelques jours que les responsables de l'automobile allemande n'étaient en aucun cas mandatés pour négocier des choses qui sont du ressort des autorités européennes. Mais a-t-elle ajouté, « il est tout à fait légitime qu'ils fassent valoir leurs droits en tant qu'investisseurs et employeurs importants aux Etats Unis ».