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Avec un chômage à 2,7%, la Suisse redoute la pénurie de main d'œuvre

Le taux de chômage en Suisse a diminué, passant de 2,9% en mars 2018 à 2,7%, soit le niveau le plus bas depuis juillet 2012.

Le taux de chômage en Suisse a diminué, passant de 2,9% en mars 2018 à 2,7%, soit le niveau le plus bas depuis juillet 2012. - Fabrice Coffrini-AFP

En avril 2018, le taux de chômage en Suisse est tombé à 2,7% contre 3,2% un an plus tôt. Ce plein emploi inquiète les entreprises helvétiques qui peinent à recruter alors qu'au 1er juillet 2018 seront appliquées les restrictions à la libre circulation des travailleurs européens votées en 2014.

La Suisse, déjà épargnée par le chômage de masse affectant son grand voisin français, a dépassé le stade du plein emploi. À 2,7%, son taux de chômage en avril 2018, dévoilé il y a quelques jours par le Secrétariat d'État à l'Économie, a atteint le niveau le plus bas depuis juillet 2012.

Le chômage en Suisse a chuté de 18,1% par rapport au mois correspondant de 2017. Toutes les catégories d'âges bénéficient de cette embellie: les jeunes au chômage (15 à 24 ans) avec - 26,5% et les chômeurs de plus de 50 ans, avec un recul de 11,9%, toujours en un an. Même les cantons les plus mal classés de la confédération helvétique, à savoir ceux de Neuchâtel et de Genève, frontaliers avec la France, sont en dessous des 5% avec respectivement 4,9% et 4,5 % de taux de chômage.

Comme l'analyse un économiste en chef à la banque Crédit Suisse, interrogé par le quotidien en ligne 24heures.ch, "notre enquête montre que la pénurie de personnel qualifié est aujourd’hui un phénomène tout à fait réel en Suisse".

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- © Source : Secrétariat d'État à l'économie.

"Ce sont surtout dans les métiers d’ingénierie, du droit, de l’informatique et de la santé que le manque est le plus fort", selon Oliver Adler, auteur de cette étude du Crédit Suisse. Environ un quart des sociétés interrogées dans le cadre de cette étude intitulée "stratégies face à la pénurie de main d'oeuvre qualifiée", soit 90.000 PME, font même face à une pénurie aiguë.

Cette pénurie alimente le besoin de main d'oeuvre en provenance des zones frontalières, principalement françaises. Plus de 171.000 frontaliers (+2,3% en un an) viennent chaque jour de France, travailler en Suisse alors qu'ils étaient moitié moins nombreux en 2003.

Les postes vacants proposés en priorité aux demandeurs d'emploi suisses

Ce manque criant de main d'oeuvre tombe au mauvais moment en Suisse. Au 1er juillet 2018, s'appliqueront les mesures résultant de la votation du 9 février 2014 en faveur de de l'initiative contre l'immigration de masse présentée par l'UDC (droite conservatrice et nationaliste). Elles restreignent de fait la libre circulation des travailleurs européens.

À cette date, les entreprises suisses seront obligées de communiquer leurs postes vacants au service public de l'emploi avant de recruter un étranger "lorsque certains groupes de profession, domaines d’activités ou régions économiques enregistrent un taux de chômage supérieur à la moyenne". L'obligation vaudra pour les catégories professionnelles affichant un taux de chômage au niveau suisse d’au moins 8 %. Ce seuil sera abaissé à 5 % à compter du 1er janvier 2020. Sur un marché de l'emploi suisse de en plus tendu, la mesure paraît au mieux superflue, au pire pénalisante pour l'économie helvétique...

Frédéric Bergé