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Barack Obama et Dmitri Medvedev donnent un successeur à Start I

Barack Obama et Dmitri Medvedev signeront ce jeudi à Prague un nouveau traité de réduction de leurs arsenaux nucléaires censé consolider le processus de rapprochement en cours entre les deux anciens ennemis de la guerre froide. /Photo d'archives/REUTERS/J

Barack Obama et Dmitri Medvedev signeront ce jeudi à Prague un nouveau traité de réduction de leurs arsenaux nucléaires censé consolider le processus de rapprochement en cours entre les deux anciens ennemis de la guerre froide. /Photo d'archives/REUTERS/J - -

par Steve Gutterman MOSCOU - Les Etats-Unis et la Russie signeront ce jeudi à Prague un nouveau traité de réduction de leurs arsenaux nucléaires...

par Steve Gutterman

MOSCOU (Reuters) - Les Etats-Unis et la Russie signeront ce jeudi à Prague un nouveau traité de réduction de leurs arsenaux nucléaires censé consolider le processus de rapprochement en cours entre les deux anciens ennemis de la guerre froide.

Le pacte, qui doit succéder au traité Start I (Strategic Arms Reduction Treaty) signé en 1991 par les présidents soviétique Mikhaïl Gorbatchev et américain George Bush, est le fruit de dix mois de difficiles négociations entre Moscou et Washington.

La cérémonie de signature du texte par les présidents Barack Obama et Dmitri Medvedev aura lieu dans la symbolique capitale d'un ancien satellite de l'Union soviétique devenu membre de l'Otan.

Le nouveau traité marquera l'intention des deux pays de coopérer au nom de la sécurité internationale. Les deux présidents ont souligné que ce pacte était une étape vers la dénucléarisation de la planète et un signal envoyé aux pays qui chercheraient aujourd'hui à se doter d'un armement atomique, pour qu'ils y renoncent.

Mais le texte devra encore être ratifié par les parlements des deux pays, ce qui ne sera pas une partie facile concernant le Sénat américain, et les analystes notent qu'il n'effacera pas d'autres contentieux latents entre Moscou et Washington.

La Russie a ainsi prévenu qu'elle pourrait se retirer du pacte si elle jugeait sa sécurité menacée par les systèmes de défense antimissile américains en Europe.

Sergueï Prikhodko, conseiller de politique étrangère du Kremlin, a déclaré vendredi que la Russie comptait souligner ce point dans une déclaration unilatérale annexée au document.

Le traité doit établir un lien entre armes offensives et défensives, mais les responsables américains insistent sur le fait qu'il n'établira pas de limites au développement de défenses antimissile. Dans le cas contraire, le texte n'aurait eu aucune chance d'être adopté au Sénat.

VICTOIRE DE PRESTIGE

Le traité doit plafonner le nombre d'ogives nucléaires opérationnelles à 1.550 pour chaque pays, ce qui représente une réduction d'environ deux tiers par rapport aux limites fixées par le traité Start I, et de 30% par rapport au traité SORT (Strategic offensive reduction treaty) signé à Moscou en 2002.

La signature du pacte représentera pour Barack Obama une première réussite d'envergure en politique étrangère. Son gouvernement avait annoncé l'an dernier, par la voix du vice-président Joe Biden, son intention de relancer les relations russo-américaines.

Elle préparera le terrain au sommet sur la sécurité nucléaire organisé à Washington les 12 et 13 avril, où les Etats-Unis espèrent gagner des soutiens dans leurs confrontations avec l'Iran et la Corée du Nord.

Rien ne garantit pourtant que le nouveau pacte se traduira en une politique de soutien plus affirmée de Moscou envers la stratégie américaine en Iran ou en Afghanistan.

"Accepter un traité de réduction d'armes stratégiques est une grande étape, mais cela ne va pas forcément se répercuter sur d'autres aspects des relations", déclare Fiodor Loukianov, rédacteur en chef du journal Russia in Global Affairs.

Le traité est néanmoins aussi une victoire de prestige pour Dmitri Medvedev, qui reste dans l'ombre de son mentor et Premier ministre Vladimir Poutine.

Le texte est aussi dans l'intérêt du Kremlin dont l'arsenal nucléaire vieillissant devrait de toute façon tomber sous les limites fixées par le pacte d'ici quelques années.

L'étape de la ratification s'annonce encore difficile au Sénat américain, où le pacte devra être approuvé par 67 sénateurs sur 100.

Le Kremlin n'aura pas ce problème face à un parlement acquis mais Moscou a réclamé une ratification "synchronisée", laissant entendre qu'il attendrait la décision des Américains.

Jean-Stéphane Brosse pour le service français