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Bavière : déroute historique en vue pour les alliés de Merkel

Le ministre président de la Bavière Markus Söder et le ministre de l'Intérieur Ernst Seehofer en campagne pour la CSU pour les élections régionales

Le ministre président de la Bavière Markus Söder et le ministre de l'Intérieur Ernst Seehofer en campagne pour la CSU pour les élections régionales - CHRISTOF STACHE / AFP

C'est à un séisme politique auquel l'Allemagne se prépare dimanche : les chrétiens-sociaux de la CSU, les alliés d'Angela Merkel, devraient perdre leur majorité absolue ce dimanche en Bavière, région qu'ils gouvernent depuis 70 ans. Les Verts, eux, ont le vent en poupe.

La Bavière vote et Berlin tremble : cette formule d'une journaliste allemande résume bien la situation. Les chrétiens-sociaux de la CSU, les alliés très conservateurs de la chancelière Angela Merkel à Berlin, vont perdre leur majorité absolue au Parlement régional, aux élections qui ont lieu ce dimanche en Bavière. Ils ne l'avaient perdue qu'une fois, en 2008, avant de la reconquérir en 2013. Depuis des mois, le parti ne cesse de chuter dans les sondages, qui lui prédisent un score entre 33 et 35% ; ils avaient enregistré 47,7 % au dernier scrutin de 2013. 

Un virage à droite inefficace

Le virage très à droite opéré par la CSU et la rhétorique anti-immigration adoptés par ses dirigeants, le ministre-président de la région, Markus Söder, et le chef du parti et ministre de l’Intérieur, Ernst Seehofer, ne lui ont pas permis de récupérer les voix parties notamment vers l'extrême-droite.

L'Alliance pour l’Allemagne (AfD) est en effet créditée de 10 à 13% des voix, au coude-à-coude avec les sociaux-démocrates du SPD, qui n'ont jamais été aussi bas. Cette ligne dure, abandonnée depuis la fin de l'été, a rebuté certains électeurs et le nouveau positionnement du parti, qui pose la CDU comme garante de la « stabilité » face à une AfD qui cherche à « déstabiliser et insécuriser la société », ne les a pas non plus fait revenir. Bien au contraire.

Les Verts, deuxième force politique de la région

Cette désaffection des électeurs bénéficie avant tout aux Verts. Die Grünen sont en effet devenus la deuxième force politique de la région et recueillent 19% des intentions de vote selon un dernier sondage de l’institut Forschungs-gruppe Wahlen. 

Ils profitent d’une part du désaveu envers la grande coalition qui gouverne depuis six mois à Berlin, et ne cesse de se déchirer, et d'autre part, de l'intérêt des Bavarois pour l'environnement, leur deuxième préoccupation après l'éducation, selon une enquête de l’institut Infratest dimap dont les résultats ont été dévoilés au début du mois.

Cette poussée des écologistes semble être une lame de fond : dans la Hesse (région de Francfort), où des élections régionales ont lieu dans deux semaines, die Grünen sont là aussi crédités de scores historiques ; et les sondages réalisés sur le plan national témoignent de la même tendance : selon les dernières enquêtes (Forsa et ARD-Deutschlandtrend), les Verts recueilleraient en effet entre 17 et 18% des voix en cas d’élections législatives anticipées, soit le double du score obtenu l’an dernier.

Des élections scrutées à la loupe à Berlin

Ce scrutin va être examiné à la loupe à Berlin : l’affaiblissement de l’alliée historique des conservateurs de la CDU, le parti d’Angela Merkel, ainsi que celui du SPD, l’autre partenaire de la coalition, inquiètent à la chancellerie. L'assise de la Grande coalition se réduit comme peau de chagrin de mois en mois.