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BCE: Lagarde veut poursuivre la politique accommodante de Draghi

Auditionnée par le Parlement européen, la future présidente de la Banque centrale européenne estime qu'une politique monétaire accommodante se justifie pour une période prolongée.

Christine Lagarde ne devrait pas révolutionner la politique de la Banque centrale Européenne (BCE). L'ancienne directrice du FMI, qui doit prendre les rênes de l'intuition au 1er novembre prochain, défend la poursuite d'une politique accommodante (à savoir le maintien des taux bas voire une nouvelle baisse des taux), compte tenu de l'inflation toujours trop basse dans la zone euro mais aussi face au ralentissement économique de l'Europe.

Parallèlement, si elle rappelle que les mesures non-conventionnelles (comme les rachats d'actifs) peuvent être nécessaires pour stimuler la croissance, Christine Lagarde met cependant en garde contre les effets secondaires négatifs de tels instruments.

"Clarifier le cadre de sa mission"

La question est sensible, notamment en Allemagne où les décisions de la BCE depuis la crise restent controversées pour de nombreux députés, qui jugent que l'institution est allée bien au-delà de son mandat. Interrogée sur le futur rôle de la BCE, Christine Lagarde s'est bornée à souligner que la BCE devra "clarifier le cadre de sa mission", dans l'avenir. 

Elle a d'ailleurs indiqué que les Etats devaient aussi "se servir de marges de manoeuvre budgétaires pour investir dans des infrastructures et lutter contre la récession", pour éviter de nouvelles crises. Un message notamment destiné à l'Allemagne, qui refuse de laisser filer sa dette pour relancer l'économie.

"Parler aux citoyens"

L'ancienne ministre souhaite aussi bousculer la communication de la BCE, en visant particulièrement les citoyens européens. "Là où je peux compter, c'est si j'arrive à communiquer sur les intentions et les objectifs que nous poursuivons" explique-t-elle. "Je ne m'adresserai pas aux opérateurs des marchés financiers. Je veux parler aux citoyens, leur expliquer l'impact, pourquoi il y a d'abord un effet négatif avec des avantages qui viendront plus tard."

Enfin, la question climatique a été longuement évoquée dans le rôle de la BCE. "Mon point de vue personnel est que toute institution doit réellement mettre le risque de changement climatique et la protection de l'environnement au centre de sa compréhension de sa mission" a-t-elle déclaré. 

Les députés européens voteront, dans la soirée, sur cette nomination mais ce vote reste consultatif, sans pouvoir de blocage. Si Christine Lagarde prend donc soin de ménager les susceptibilités des eurodéputés, elle devrait bien prendre la tête de la BCE, le 1er novembre prochain, à la suite de Mario Draghi. Ce dernier présentera de nouvelles mesures de soutien à l'économie le 12 septembre prochain. 

Thomas LEROY