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BCE : taux directeurs maintenus mais une baisse est programmée

La BCE

La BCE - Daniel ROLAND / AFP

Plus volontariste, la banque centrale européenne envisage une baisse des taux et souligne la nécessité d’une politique très accommodante pour « une période prolongée ».

Pas de surprises mais des confirmations. La BCE (Banque centrale européenne) a comme prévu laissé inchangés ses taux directeurs, aux plus bas depuis mars 2016. Le principal taux de refinancement a été maintenu à zéro tandis que les banques vont continuer à payer auprès de la BCE un intérêt négatif de 0,40% pour les liquidités dont elles n'ont pas l'utilité immédiate.

L’institution a également confirmé que compte tenu du contexte mondial : ralentissement de la croissance en zone euro, perspective d’un hard Brexit, guerres commerciales, et surtout une inflation inférieure aux objectifs…, la nécessité d’une politique très accommodante pour « une période prolongée ».

Dans sa conférence de presse, Mario Draghi, président de la BCE confirme en effet que « les récentes données témoignent d'un tassement de la dynamique de la croissance mondiale avec un rebond au second semestre moins probable. (Et) les anticipations d'inflation ont décliné ». 

« La présence prolongée d'incertitudes liés aux facteurs géopolitiques, la menace croissante du protectionnisme, et les vulnérabilités des marchés émergents pèsent sur le sentiment économique, en particulier dans le secteur manufacturier », ajoute-t-il.

« Un degré significatif de stimulation monétaire reste nécessaire pour garantir que les conditions financières demeurent très favorables et soutiennent l'expansion de la zone euro, le développement des pressions inflationnistes domestiques et, par conséquent, les développements de l'inflation publiée à
moyen terme », conclut-il.

Baisse progressive du taux de dépôt

Une baisse des taux est donc désormais « envisagée ». « Les taux resteront à leurs niveaux actuels ou plus bas au moins jusqu’au premier semestre 2020 », indique le porte-parole de l’institution. Le « ou plus bas » a son importance car il permet de tabler sur une baisse lors de la prochaine réunion de la BCE. Le ton est donc clairement plus volontariste.

Elle modifie en effet son engagement précédent de les maintenir à ce niveau ou en dessous jusqu'à la fin du premier semestre 2020.

Elle estime par ailleurs qu'un « haut degré » de soutien à l'économie restera requis « pendant longtemps », intégrant une possible reprise du programme de rachat d'obligations arrêté fin 2018.

« La décision de la BCE de ne pas modifier le taux appliqué aux dépôts ne surprend pas les investisseurs, qui espèrent maintenant voir un assouplissement de la politique monétaire en septembre, lors de la prochaine décision de l’institution financière européenne », commente Vincent Boy, analyste chez IG.

Face aux critiques de certains économistes estimant que cette politique de taux bas a désormais atteint ses limites, pénalisant par exemple fortement la rentabilité du secteur bancaire, la BCE pourrait adopter un système dégressif inspiré de la Suède ou du Japon pour son taux de dépôt, afin de compenser les effets négatifs de sa politique sur les banques.

Les spécialistes pensent que la BCE commencera par abaisser dès septembre ce taux de dépôt. En un ou deux mouvements à l'automne, ce taux devenu la référence du marché pourrait descendre de 20 points de base pour être porté à -0,60% d'ici la fin de l'année. C'est une vraie victoire pour les banques.

Conséquences de ces annonces, l'euro a baissé contre la devise américaine après les annonces de la BCE, tombant à 1,111 dollar contre 1,13 avant la publication de son communiqué. Il a ensuite repris une partie du terrain perdu après que Mario Draghi eut déclaré qu'il considérait que le risque d'une récession était faible.

Les Bourses européennes, qui avaient accru leurs gains, se sont retournées à la baisse. Le rendement de l'emprunt allemand à 10 ans, qui avait renoué avec son plus plus bas historiques à -0,41%, s'est légèrement repris pour revenir autour de -0,36%.

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la rédaction