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Benoît Coeuré (BCE): "2013 sera l'année du redémarrage pour l'économie de la zone euro"

Benoît Coeuré pense que les conditions d'une sortie de la crise dans la zone euro "sont réunies"

Benoît Coeuré pense que les conditions d'une sortie de la crise dans la zone euro "sont réunies" - -

Le seul membre français du directoire de la Banque centrale européenne (BCE) a affirmé à BFM Business, ce vendredi 18 janvier, "qu'il y a des motifs d'espoir pour l'avenir".

L’année 2013 doit être celle du rebond pour l’économie de la zone euro. C’est en résumé ce qu’indique Benoît Coeuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), ce vendredi 18 janvier, dans l’émission Le Grand Journal de BFM Business.

"Nous voyons les premiers signes d’une guérison au niveau de la zone euro. L’année 2012 a été une année d’amélioration sur les marchés financiers, mais aussi en termes de résorption des déséquilibres. 2013 doit transformer l’essai", déclare-t-il.

Certains indicateurs du quatrième trimestre 2012 ne semblent toutefois pas encourageants. L’Allemagne, première économie de l’union monétaire, a ainsi vu son PIB reculer de 0,5% entre le troisième et quatrième trimestre de l’année écoulée. Mais Benoît Coeuré ne s’en alarme pas "Il ne faut pas regarder dans le rétroviseur. Le quatrième trimestre 2012 a incarné le creux du cycle. Et l’année 2013 sera l’année du redémarrage pour l’économie de la zone euro".

Reprenant les termes du président de la BCE, Mario Draghi, il rappelle que cette reprise sera "graduelle". "La croissance devrait redevenir positive au deuxième semestre", précise-t-il. "Nous avons des motifs d’espoir pour l’avenir".

L'union monétaire est-elle pour autant sortie de la crise? Les dirigeants européens ont des avis divergents sur le sujet. Benoît Coeuré, lui, pense que "nous ne sommes pas sortis de la crise mais que les conditions de sortie de la crise sont là, si tous les engagements sont tenus".

Le pacte de compétitivité et l'accord sur l'emploi "vont dans le bon sens"

Concernant plus spécifiquement la situation de la France, il donne quelque peu raison au gouvernement qui maintient son objectif de réduction de déficit public à hauteur de 3% du PIB pour 2013. "Les objectifs doivent être tenus, quand ils engagent les gouvernements. Il faut que les grands pays de la zone euro montrent l’exemple et résolvent leurs déséquilibres"

Et si la BCE "n’a pas de recommandation particulière à faire" à Paris, Benoît Coeuré, en tant qu’économiste, invite la France à pousser davantage ses efforts vers une réduction des dépenses publiques, plutôt que par les hausses d’impôts.

"Toutes les études montrent que les ajustement pérennes passent par une réduction de la dépense. Le gouvernement a choisi d’étaler dans le temps la réduction de ces dépenses, sur la durée du quinquennat. C’est une stratégie parfaitement louable à condition qu’elle soit réellement mise en œuvre", explique-t-il.

Il estime, par ailleurs, que le pacte de compétitivité et l’accord sur l’emploi "vont certainement dans la bonne direction". L'accord sur l'emploi, ainsi, "montre qu'on peut réformer le marché du travail par le dialogue social, et non uniquement par la loi". "Ce n’est pas la dernière étape, il y en a d’autres", nuance-t-il toutefois. Il cite ainsi la réforme des retraites comme prochain grand pas à faire.

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La BCE a un œil attentif sur les conflits au Mali et en Algérie

Mario Draghi avait prévenu, lors de la dernière réunion mensuelle de la BCE : les risques géopolitiques sont susceptibles d’affaiblir la reprise de l'économie européenne. Les conflits au Mali et en Algérie en font partie.

Benoît Coeuré estime que "les conséquences économiques peuvent être limitées pour l’économie, si les conflits sont eux-mêmes limités". Mais la BCE garde un œil sur ces conflits : "C’est quelque chose qu’il faut suivre avec beaucoup d’attention et qui est important dans l’analyse de la Banque centrale européenne".

En cause, la hausse sur les cours des matières premières qu'ils pourraient provoquer. "Nous avons clairement dit que les risques sur les prix des matières premières font partie des risques à la hausse sur l’inflation, que nous allons suivre avec attention", rappelle ainsi Benoît Coeuré.

Julien Marion