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Berlin pose des conditions strictes pour aider la Grèce

Le ministre grec des Finances, Georges Papaconstantinou, affirme qu'Athènes veut une solution européenne à ses difficultés financières et attend des résultats positifs du Conseil européen de jeudi et vendredi. /Photo prise le 16 mars 2010/REUTERS/Yves Her

Le ministre grec des Finances, Georges Papaconstantinou, affirme qu'Athènes veut une solution européenne à ses difficultés financières et attend des résultats positifs du Conseil européen de jeudi et vendredi. /Photo prise le 16 mars 2010/REUTERS/Yves Her - -

par Gernot Heller et Julien Toyer BRUXELLES - L'Allemagne a laissé entendre pour la première fois qu'elle pourrait accepter une aide à la Grèce en...

par Gernot Heller et Julien Toyer

BRUXELLES (Reuters) - L'Allemagne a laissé entendre pour la première fois qu'elle pourrait accepter une aide à la Grèce en dernier recours mais seulement si le FMI y participe et si la discipline budgétaire est renforcée dans la zone euro.

Selon plusieurs sources européennes, ces deux points, ainsi que les modalités techniques de cette aide, font l'objet de négociations entre Paris et Berlin ainsi qu'entre les principaux dirigeants de l'UE et de la zone euro, mais aucun accord n'a encore été trouvé à deux jours d'un sommet européen.

En échange d'un mécanisme de soutien à la Grèce, a expliqué un responsable allemand, les autorités de Berlin exigent que le FMI soit impliqué dans tout plan d'aide et que cet instrument ne soit pas déclenché tant que la Grèce pourra se refinancer sur les marchés.

En outre, a dit ce responsable, les pays de l'Union européenne devront accepter de négocier de nouveaux mécanismes permettant de s'assurer d'une discipline budgétaire effective au sein de la zone euro.

"La condition pour agir, en dernier recours, est que les possibilités de refinancement de la Grèce sur les marchés sont épuisées", a-t-il indiqué.

"Il serait aussi nécessaire que le FMI fournisse une contribution substantielle", a-t-il ajouté, tout en répétant qu'aucune décision ne serait prise lors du sommet européen de jeudi et vendredi.

Selon plusieurs sources européennes, la France et l'Allemagne travaillent à une position commune sur ce mécanisme d'aide, le rôle du FMI et la gouvernance économique future de la zone euro mais leurs discussions n'ont pas encore abouti.

"Les Français et les Allemands sont en contact dans le but d'avoir une position franco-allemande sur l'instrument (d'aide à la Grèce) et sur le rôle du Fonds monétaire international", a déclaré l'une de ces sources.

"Cette position commune n'a pas encore été obtenue", a ajouté cette source, qui a qualifié de "très sensibles" les échanges en cours.

SOMMET DE LA ZONE EURO ?

Lors d'une conférence de presse conjointe, à Paris, Nicolas Sarkozy et le président du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero, ont appelé à une réunion de l'Eurogroupe au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement pour débattre de la gouvernance économique de la zone euro et de l'UE avant le sommet européen.

L'Eurogroupe ne s'est réuni à ce jour qu'une seule fois au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement, en octobre 2008 à Paris pour discuter d'une réponse commune à la crise financière.

Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, s'est montré favorable à une telle possibilité.

Il a intensifié ces dernières heures les contacts avec le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, ainsi qu'avec les principaux dirigeants européens.

Lundi, plusieurs sources diplomatiques avaient indiqué que Herman Van Rompuy cherchait à obtenir un accord sur une déclaration commune inspirée de celle du 11 février avant même que ne s'ouvre le sommet jeudi.

À Athènes, le ministre des Finances grec, Georges Papaconstantinou, s'est voulu optimiste sur les chances d'une solution jeudi. "Sur la foi des déclarations (des institutions européennes), nous nous attendons à une issue positive au sommet de jeudi", a-t-il déclaré.

"La Grèce ne va pas au sommet de l'UE comme un mendiant. Il faut un mécanisme politique qui assure la stabilité de la zone euro et qui soutienne les efforts de chaque pays (...) Nous voulons une solution européenne", a-t-il ajouté.

REFINANCEMENT D'ICI LE 23 MAI

On rapporte de source diplomatique que l'hypothèse la plus sérieusement étudiée à Bruxelles reste celle de prêts bilatéraux à des taux inférieurs à ceux du marché et pour un montant global compris entre 20 et 22 milliards d'euros qui seraient offerts à Athènes par un groupe de pays, sur une base volontaire uniquement, et par le FMI.

L'institution dirigée par Dominique Strauss-Kahn pourrait prêter jusqu'à 15 milliards d'euros à la Grèce et fournir la majeure partie de l'expertise technique.

Des conditions strictes en matière de gestion de la dette et de réduction des déficits seraient assorties à cet instrument, afin de satisfaire Berlin en particulier.

La chancelière allemande Angela Merkel fait face début mai à des élections régionales importantes pour sa majorité au Bundesrat et doit composer à la fois avec l'hostilité d'une majorité d'Allemands à une aide à la Grèce et avec les vues divergentes de son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, et de son partenaire de coalition, le parti libéral FDP.

Dans le même temps, la Grèce devra refinancer quelque 16 milliards d'euros de dettes entre le 20 avril et le 23 mai et espère pouvoir alors bénéficier d'un taux plus bas que celui que lui imposent les marchés actuellement.

Face aux perspectives d'un accord à Bruxelles jeudi, l'écart de rendement entre les emprunts grecs et allemands (Bunds) à dix ans s'est réduit à moins de 330 points de base, contre 344 points lundi en clôture.

Avec les bureaux de Berlin, Paris et Bruxelles