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Bientôt une rente de 2.000 euros par mois pour tous en Suisse?

Les Suisses devront décider dans deux ans s'ils veulent toucher un revenu de base d'environ 2.000 euros par mois, à la place de la sécurité sociale.

Les Suisses devront décider dans deux ans s'ils veulent toucher un revenu de base d'environ 2.000 euros par mois, à la place de la sécurité sociale. - -

Un revenu de base pour tous et sans contrepartie, fixé à 2.000 euros : l’idée fait son chemin en Suisse. Le projet a recueilli les 100.000 signatures nécessaires à l’organisation d’un référendum fédéral. Le vote aura lieu dans deux ans.

Le quotidien Le Matin décrit l’idée comme l’une "des initiatives les plus décoiffantes jamais présentées" au vote de l’autre côté des Alpes. Les Suisses vont devoir se prononcer pour ou contre la création d’un "revenu de base inconditionnel" (RBI).

Le projet ? Une allocation de 2.500 francs suisses (CHF), soit environ 2.000 euros, perçue par tous les résidents en Suisse, y compris les immigrés, et sans condition ni contrepartie. Une pétition militant en faveur du RBI a obtenu les 100.000 signatures nécessaires à l’organisation d’un référendum.

Le vote aura lieu dans deux ans

La démocratie directe pratiquée par la Suisse permet à chaque "initiative" qui dépasse les 100.000 signatures de provoquer une "votation", soumise à l’ensemble de la population fédérale. En cas d’adoption du texte, le Parlement a l’obligation de retranscrire le texte dans la loi suisse. En moyenne, l’organisation du vote a lieu deux ans après le dépôt d’une initiative auprès des instances fédérales.

Cette initiative sur un revenu de base puise son inspiration du côté des thèses de l’utopiste français Charles Fourier (1772-1837). Les trois comités à l’origine du texte souhaitent que le RBI remplace le filet de la sécurité sociale. Ils évaluent le coût de cette mesure à 30 milliards de francs suisses par an, soit environ 24 milliards d’euros.

Redistribution contre mentalité de rentier

"On échapperait ainsi au piège de pauvreté faisant qu’aujourd’hui, certaines personnes touchent moins d’argent si elles travaillent", explique l’économiste belge Philippe van Parjis, grand partisan de cette idée en Europe, dans La Tribune de Genève. Le revenu de base correspondrait en fait aux allocations pour les personnes en difficulté, et aux exonérations d’impôts déjà accordées aux salariés.

"Ce système est une manière souple de répartir le travail", poursuit le philosophe, "ceux qui se tuent à la tâche pourraient réduire leur temps de travail grâce à ce socle financier et ainsi, en laisser aux autres".

L’idée est pourtant loin de faire l’unanimité en Suisse. Les syndicats ont fait part de leur opposition à un texte qui "risque de détériorer la situation des bas et moyens revenus". "Les salariés devront continuer à travailler 40 heures par semaine, mais pour un salaire nettement inférieur", estime Thomas Zimmermann, porte-parole de l'Union syndicale suisse. Selon Myret Zaki, rédactrice en chef adjointe de la revue suisse Bilan, "il s'agit d'un projet dogmatique qui crée une mentalité de rentier".

Romain Fonsegrives avec agences