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BMW : avertissement et douche froide pour le secteur automobile

Nouvelles normes, guerre commerciale et provisions... BMW, constructeur le plus rentable du monde, jette le trouble sur l'ensemble du secteur auto avec son profit-warning.

Nouvelles normes, guerre commerciale et provisions... BMW, constructeur le plus rentable du monde, jette le trouble sur l'ensemble du secteur auto avec son profit-warning. - CHRISTOF STACHE / AFP

BMW a annoncé un abaissement de ses prévisions 2018, à cause du passage aux nouvelles normes WLTP et des tensions commerciales mondiales persistantes. Une mauvaise nouvelle pour l'ensemble d'un secteur qui jusque-là semblait bien armé pour affronter la fin de l'année.

Quand le constructeur le plus rentable du monde éternue, c'est tout une industrie qui s'enrhume. L'annonce de la révision à la baisse des perspectives annuelles de BMW a été sanctionnée par une forte baisse du titre à la Bourse de Francfort, mais c'est bien l'ensemble des constructeurs et équipementiers automobiles européens qui a été touché dans le sillage.

BMW annonce que sa marge opérationnelle sera d'au moins 7% cette année, contre une précédente prévision de 8 à 10%, avec des ventes annuelles en légère baisse sur un an, alors que jusqu'à présent BMW tablait sur une petite progression. Une révision modeste dans l'absolu, mais qui jette le trouble sur l'ensemble de l'automobile, tant BMW déçoit rarement, notamment en termes de rentabilité.

De nouvelles normes qui déstabilisent le marché 

Mais BMW rejoint ainsi un nombre croissant de membres du secteur, obligés de réviser à la baisse leurs prévisions. Notamment son concurrent direct Daimler (maison-mère de Mercedes-Benz), mais aussi Fiat-Chrysler ou General Motors dernièrement. Et les équipementiers ne sont pas non plus épargnés, à l'image de Valeo et Continental, qui dernièrement ont dû également émettre des alertes sur profits.

Là où l'avertissement de BMW inquiète, c'est qu'il a trait pourtant à ce qui a fait la force et la résistance du marché automobile pendant les mois d'été, à savoir le passage aux nouvelles normes WLTP, qui sont en place depuis le 1er septembre. Comme expliqué précédemment, les grands constructeurs se sont dépêchés de faire immatriculer en juillet et août tous les modèles qui n'auraient pas passé à coup sûr les nouveaux tests d'émissions. Ecoulés ces prochains mois à prix réduit chez les concessionnaires, ils constituent une concurrence de poids pour les constructeurs qui, eux, misent avant tout sur la marge et le haut de gamme, comme BMW.

Facteurs ponctuels

D'ailleurs, le constructeur bavarois lui, n'a pas connu de mois d'août spectaculaire, contrairement à d'autres. Au contraire ses ventes ont légèrement baissé. D'où une configuration de marché fondamentale qui est difficile d'entrée de jeu, et nuisible à la rentabilité.

Le groupe doit aussi prendre en compte un facteur ponctuel mais handicapant : des provisions pour couvrir les garanties de près de 330 000 véhicules que BMW a dû rappeler ces derniers mois pour régler des risques d'incendie moteur.

Guerre commerciale durable

Enfin, le contexte actuel de guerre commerciale durable entre Chine, Etats-Unis et Europe pèse sur les perspectives du constructeur, qui est présent commercialement et industriellement dans les trois pays. Climat éminemment instable pour BMW qui en plus dépense beaucoup dans les nouvelles technologies automobiles, l'électrification de sa gamme et les nouvelles solutions de mobilité : 7 milliards d'euros cette année, un record dans l'histoire du groupe.

Même si encore une fois BMW garde de sérieux fondamentaux, sa mise en garde vaut pour l'ensemble d'un secteur automobile jusque-là euphorique. PSA, Renault et autres grands constructeurs, qui ont remarquablement résisté et font preuve d'optimisme, pourraient bien subir une pression croissante ces prochains mois pour garder le cap.

Antoine LARIGAUDRIE