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BMW : quand la R&D pèse sur la rentabilité

BMW voit ses frais de recherche et de développement peser sur sa rentabilité au milieu d'une conjoncture difficile.

BMW voit ses frais de recherche et de développement peser sur sa rentabilité au milieu d'une conjoncture difficile. - BILL PUGLIANO / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Les derniers résultats de BMW démontrent que l'inflation des frais de recherche et de développement, notamment vers l'électrification, commence à peser sérieusement sur ses comptes.

BMW avait prévenu. Lors de son avertissement sur bénéfices en septembre dernier, le constructeur avait déclaré qu'un certain nombre de facteurs allaient peser sur ses comptes en cette fin d'année, l'obligeant à revoir à la baisse ses prévisions de résultats annuelles, et surtout ce qui fait sa force, ses prévisions de rentabilité.

Forte dégradation du marché chinois (son premier marché en termes de ventes), passage aux normes WLTP qui a bousculé la conjoncture du marché automobile notamment en Europe et plusieurs vagues de rappels de sécurité ont pesé sur les comptes au 3ème trimestre, expliquant un bénéfice net en recul de 24% à 1,4 milliard d'euros. Mais un facteur est aussi mis en avant : l'inflation des coûts de recherche et de développement.

Electrification et inflation des coûts

Sur les 9 premiers mois de l'année, ils ont augmenté de 400 millions d'euros pour totaliser 3,8 milliards d'euros au total, l'équivalent de 7% du chiffre d'affaires global de BMW. Le groupe s'est fixé une enveloppe globale de 7 milliards d'euros à ce titre pour 2018. Certes, ces frais prennent en compte les dépenses globales de R&D, notamment les efforts en matière de technologies de dépollution des moteurs thermiques, mais il paraît clair que l'électrification coûte de plus en plus cher.

BMW remarque notamment l'inflation des coûts d'achat des matières premières pour justifier l'impact sur ses comptes. Et il est évident que les composants destinés à l'électrification, batterie, et câblages, voient leur coût grimper en flèche avec la demande et l'accélération des technologies hybrides et électriques.

Technologies haut de gamme

Le constructeur, avec son positionnement haut de gamme, a d'ailleurs logiquement fait le choix des technologies d'hybridations les plus performantes pour développer ses modèles, l'hybride rechargeable et le prolongateur d'autonomie (notamment sur ses modèles i3 et i8). Des technologies plus chères à développer et à produire que des techniques plus basiques comme celles de Toyota et d'autres grands groupes généralistes.

D'autant que les objectifs de BMW en la matière sont ambitieux : dès l'année prochaine le groupe compte écouler 500.000 véhicules hybrides et électriques, (l'équivalent du quart de ses ventes 2017) avec une croissance estimée à 15% pour ce seul segment. Un développement exponentiel, puisque BMW compte lancer 25 nouveaux modèles électrifiés ces 7 prochaines années, dont quasiment la moitié seront 100% électriques.

Pression durable sur les marges

Il y a quelques mois BMW estimait que cette dynamique de développement ne pèserait pas sur ses marges, car financée en grande partie par le succès de ses modèles thermiques. Mais la tendance actuelle de marché semble contredire désormais les projections optimistes du début d'année.

Il est donc d'autant plus urgent pour BMW que le marché européen et chinois se stabilisent ces prochains mois, afin de garder le cap en matière de développement de ses nouveaux modèles. Mais en attendant, le groupe va voir sa rentabilité sérieusement mise à l'épreuve. D'une prévision de 8 à 10% en début d'année, elle a été revue à la baisse à 7% ou plus...