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Boris Johnson défie Theresa May

Boris Johnson, partisan d'une rupture nette avec l'UE, en 2018

Boris Johnson, partisan d'une rupture nette avec l'UE, en 2018 - Archives - BEN STANSALL / AFP

A la veille du discours de Theresa May, Boris Johnson est venu défier la Première ministre ce mardi, à la convention du parti conservateur à Birmingham. L'ancien ministre des Affaires étrangères a une fois de plus fustigé son plan sur le Brexit, devant des Tories plus que jamais divisés.

Ils ont fait la queue plus de deux heures pour le voir. Boris Johnson a beau ne plus faire partie du gouvernement, il occupe toujours une place de choix au sein du parti conservateur et du paysage politique britannique. Cet après-midi à la convention des Tories, l'ancien ministre des Affaires étrangères et ex maire de Londres a galvanisé ceux qui étaient venus l'écouter. Il a une fois de plus étrillé le plan de Theresa May, le plan de Chequers, qui prévoit de conserver une relation commerciale étroite avec l'Union européenne.

Un plan qu'il a qualifié « d'humiliation morale et intellectuelle », « d'outrage constitutionnel », « de tromperie ». « Il signifierait que nous serions contraints d'appliquer, sans pouvoir les modifier ou sans pouvoir nous y opposer, toutes les inepties que l'UE pourrait inventer à l'avenir » a-t-il fustigé devant un public conquis.

Un Singapour sur la Tamise

Ce partisan d'une rupture nette avec Bruxelles prône lui un « super-accord de libre-échange », comme celui signé récemment entre l’UE et le Canada. Mais Boris Johnson s'accommoderait également d'une absence d'accord, ce « no deal » tant redouté par les milieux d'affaires. Il ambitionne en effet, aux côtés de ses amis ultra libéraux, de faire du Royaume Uni un « Singapour sur la Tamise », un paradis fiscal et réglementaire aux frontières de l’Union européenne. 

Cette option ne semble pas enthousiasmer outre mesure les milieux financiers : « Il n’y a aucun appétit à la City à se lancer dans une course au moins-disant réglementaire (…) il faut une régulation raisonnable et proportionnée, pour éviter la répétition de la crise financière » a précisé il y a quelques semaines Catherine McGuinness, qui préside la corporation de la City de Londres. Un centre financier dérégulé ne semble pas à l'ordre du jour, pour l'instant.

Un personnage controversé

En attendant, c'est par une « standing ovation » que les conservateurs présents dans la salle ont accueilli son discours. La barre est haute pour Theresa May, qui prononcera son discours ce mercredi pour défendre son plan, qui n'est aujourd'hui approuvé que par une minorité de conservateurs. Reste que Boris Johnson ne semble pas avoir les soutiens nécessaires pour renverser la Première ministre. Le personnage est clivant et beaucoup de députés et membres du parti sont las des bouffonneries du trublion conservateur. L'ex-ministre chargé du Brexit, David Davis, qui avait lui aussi démissionné du gouvernement en désaccord avec le plan de Theresa May, s'est distancié de son ancien collègue : « Boris est un excellent camarade, nous avons une amitié très forte, mais beaucoup de ses idées, je pense, font de bons titres pour les journaux mais pas forcément de bonnes politiques » a-t-il déclaré.
A la question du tabloîd The Daily Mail : « Boris Johnson pourrait-il devenir Premier ministre ? », la réponse du chancelier de l'échiquier Philip Hammond est claire : « Je n'envisage pas que cela se produise », suggérant qu'il ne pourrait pas mener une « politique adulte ». Il n'en demeure par moins qu'aucune figure du parti conservateur n'émerge pour l'instant vraiment comme successeur naturel ou possible de Theresa May. 

Delphine LIOU