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Boris Johnson veut "apparaître comme celui qui a su sortir de l'ornière" du Brexit

Pierre-Jérôme Henin

Pierre-Jérôme Henin - -

Selon Pierre-Jérôme Henin, ancien conseiller de Michel Barnier, un accord sur le Brexit est indispensable au Premier ministre britannique pour son agenda politique.

L'accord signé avec l'Union européenne en poche, Boris Johnson est retourné à Londres afin de le faire adopter par le Parlement, ce qui ne sera pas une mince affaire. Mais le souhaite-t-il vraiment ?

Le Premier ministre britannique est parfois soupçonné de chercher en fait à sortir son pays de l'UE sans accord (autrement dit de favoriser un "hard Brexit") afin d'avoir les mains totalement libres économiquement à travers des accords commerciaux bilatéraux, du dumping social ou fiscal, une dérégulation poussée, bref de transformer Londres en Singapour sur la Tamise.

Une analyse tout à fait erronée selon Pierre-Jérôme Henin, président de The Progressive Company et ancien conseiller de Michel Barnier, le négociateur en chef de l'Union européenne auprès des Britanniques.

"Tenter de garder le meilleur des deux"

Invité sur BFM Business ce vendredi sur le plateau de Good Morning Business, il explique: "Non, il pourra créer des accords avec les pays qu'il voudra, et notamment les Etats-Unis. Et Trump lui a fait des appels du pied pour ça. Ce n'est dans l'intérêt de personne de provoquer un Brexit dur. Politiquement, il a intérêt à avoir un accord. Quel est son calcul ? Et là on voit que c'est un animal politique, il a réussi à faire rentrer la négociation du Brexit dans son propre agenda politique qui est 'obtenir un accord' (...), provoquer des élections, remporter ces élections, et apparaître comme le Premier ministre qui a su sortir le Royaume-Uni de cette ornière dans laquelle il est depuis plus de trois ans et demi".

Et de poursuivre: "Il va tenter de garder le meilleur des deux. Le meilleur d'une relation qui va rester une relation de proximité avec l'Union européenne dont il pourra bénéficier et dont les entreprises britanniques vont pouvoir bénéficier. Et en même temps des marges de manoeuvre accrues, notamment la possibilité qu'il aura à l'avenir, n'étant plus membre de l'Union européenne, de pouvoir signer des accords commerciaux".

Olivier Chicheportiche