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Bourse : nouvelle séquence décisive

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Une nouvelle séquence s’ouvre sur les marchés après l’intervention des grandes banques centrales.

Tokyo, Francfort, Pékin, Washington, les quatre grandes banque centrales sont entrées en action pour tenter de reprendre le contrôle des marchés, avant que la tempête boursière ne devienne une tempête économique. Au risque d’augmenter le désordre, si leur action se révélait insuffisante.

La Banque Populaire de Chine a été la première à donner le ton, par une mesure technique propre à relancer le crédit bancaire, alors que toute la politique du gouvernement depuis 18 mois était justement de tenter de nettoyer le bilan des banques. Mais pendant les travaux, la vente doit continuer, et la BPC a donc annoncé une nouvelle réduction du « coefficient des réserves obligatoires » (ce que les banques doivent détenir dans leurs coffres pour chaque crédit accordé), la cinquième en l'espace d'un an et la première de 2019, dégageant ainsi l'équivalent de 190 milliards€ pour stimuler le crédit en période de ralentissement économique (même si les banques chinoises devront en utiliser une partie pour rembourser des emprunts arrivant à échéance).

Le montant net ainsi injecté dans le système financier est le plus élevé des cinq réductions opérées depuis janvier 2018 « L'assouplissement monétaire sera encore renforcé dans les mois à venir », observe Capital Economics dans une note d'étude.

« Des taux en dessous de zéro pendant encore longtemps »

A Francfort et à Tokyo, pas besoin d’en faire autant. Les investisseurs n’ont pas de doute sur le maintien d’une politique dite « accommodante ». Tout faire, au Japon, pour limiter la montée du Yen, et donc continuer à injecter massivement de la monnaie dans le système, et tout faire, en zone Euro, pour maintenir en vie la faible croissance du moment : « les taux directeurs de la Banque centrale européenne resteront à un niveau bas aussi longtemps que nécessaire afin de porter l'inflation au niveau de l'objectif de 2% », précisait tout de même Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE, à ceux qui pouvaient en douter.

La BCE a cessé en décembre son programme de rachat d'actifs de 2.600 milliards d'euros mais s'est engagé à garder les taux à des niveaux ultra-bas au moins jusqu'à l'été : « les taux d'intérêt que l'on fixe pour l'économie de la zone Euro vont rester au niveau actuel, c'est-à-dire à zéro et même en dessous de zéro, jusqu'après l'été de 2019 au moins et donc les taux d'intérêt vont rester bas pendant encore longtemps ». Les choses sont claires, et la BCE précise bien qu’elle reste « vigilante » sur l’apparition d’une « nouvelle crise financière ». Autant dire qu’elle se met totalement au service de la stabilité des marchés.

La « patience » de Jerome Powell

Mais le message le plus attendu devait bien sûr venir de Washington et de la Réserve Fédérale. Il est venu en deux points, sans doute aussi importants l’un que l’autre. Premier point, Jerome Powell met fin à toute spéculation sur un éventuel départ. Non seulement il n’a pas l’intention de partir, mais il refuserait de démissionner si le président le lui demandait (ce que Trump n’a de toute façon pas l’intention de faire). La question avait émergé avant Noel sur des informations de presse largement démenties depuis. Néanmoins la virulence des critiques de Donald Trump maintenait une pression particulière sur l’indépendance de la réserve fédérale et donc une inconnue supplémentaire sur les marchés.

La mise au point de Jerome Powell est donc fondamentale : il n’a pas l’intention de rencontrer Trump, personne ne le fera partir avant la fin de son mandat, et il mène sa politique en toute indépendance. Or, et c’est le deuxième point, tout aussi important, lui aussi accepte de se mettre au service des marchés, inquiets de le voir remontrer trop vite les taux d’intérêts dans une économie qui commencerait à donner des signes de dégradation. Certes, dit-il, la dynamique de l'économie américaine reste solide, mais la banque centrale va faire preuve de « patience » dans la conduite de sa politique monétaire. « Nous sommes toujours prêts à modifier l'orientation de la politique et à la modifier de manière significative » en cas de besoin, a-t-il ajouté au cours d’un débat auquel participaient aussi ses prédécesseurs Janet Yellen et Ben Bernanke.

« Les marchés ont pris en compte les risques baissiers (...) et ils sont évidemment très en avance par rapport aux données, en particulier si l'on regarde les chiffres sur le marché de l'emploi. Je dirai simplement que nous écoutons cela attentivement (...), que nous écoutons de façon appropriée le message que les marchés envoient et que nous allons prendre en compte ces risques baissiers dans la conduite de notre politique à l'avenir », c’était mot pour mot ce que Wall Street voulait entendre.

Les banquiers centraux sont donc descendus dans l’arène, ce qui est toujours une manœuvre à haut risque. La semaine dira si le timing est le bon, où s’ils sont intervenus trop tôt. Dans ce cas-là, si la tempête boursière ne se calmait pas, on pourrait replonger dans l’inconnu