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Le Brésil s'inquiète des mesures prises par les grandes banques centrales

Guido Mantega n'hésite pas à parler de "Guerre des Devises"

Guido Mantega n'hésite pas à parler de "Guerre des Devises" - -

Les pays développés ont-ils déclaré "une guerre des devises" aux émergents? Guido Mantega, le ministre brésilien des Finances,répond par l'affirmative, dans une interview accordée au Financial Times. Il critique ainsi les programmes de relance mis en place par la Banque du Japon et la Réserve fédérale américaine qui conduiraient à l’appréciation du real.

C’est un refrain qui revient souvent. Lorsque les grandes banques centrales des pays développés prennent des mesures de relance massives, la valeur de leur monnaie s’effrite sur les marchés, conduisant celles des pays émergents à s’apprécier et donc à handicaper leurs exportations.

Après les rachats de dettes annoncés ces derniers jours par la Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque du Japon, Guido Mantega, ministre des Finances du Brésil, craint qu’un tel scénario se reproduise. Dans une interview donnée jeudi 20 septembre au Financial Times, il déclare ainsi que les rachats de dette de la Fed et de la Banque du Japon constituent "une guerre des devises". Il avait déjà utilisé ce terme il y a deux ans, lorsque la deuxième vague d’assouplissement monétaire de la Fed avait effectivement mené à l’appréciation des monnaies émergentes.

S’inquiétant d’une nouvelle hausse du real, la monnaie brésilienne, il affirme que "si un dollar faible mène à une compétition commerciale accrue entre le pays, le Brésil sera alors forcé d’adopter des mesures pour stopper l’appréciation du real". Il ne précise pas quelles politiques pourraient être menées pour parvenir à ce but. Il ajoute toutefois que le real se situe, selon lui, "à une parité raisonnable" mais toujours "surévalué par rapport aux partenaires commerciaux du Brésil".

Une "guerre des devises" ?

La monnaie brésilienne se situe actuellement à deux dollar pour un real, assez loin de son record à 1,52 dollar pour un real, en juillet 2011. Mais la devise brésilienne a connu une importante appréciation depuis le début de l’année. A mars 2012, celle-ci était déjà de 9,7% par rapport au dollar, comme le relevait Natixis. Le Brésil avait alors élargi l’impôt sur les opérations financières aux emprunts à l’étranger pour limiter cette hausse. Cette dernière mesure fait d’ailleurs parti d’un arsenal d'instrument dont le pays sud-américain s’est doté depuis 2010. Parmi eux, des interventions régulières de la Banque du Brésil sur le marché des changes pour défendre la parité de la devise.

Le Brésil accuse en quelque sorte ses partenaires commerciaux de concurrence déloyale. Mais le pays est quelque peu isolé dans cette "guerre des devises". Le Brésil cherche surtout à redynamiser une économie en fort ralentissement.

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En 2011, la croissance brésilienne n’a atteint que 2,7%, contre 7,5% l’année précédente. Et pour 2012, la banque du Brésil a établi une prévision de croissance de 2,5%.

Julien Marion