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Brexit: 48 heures pour survivre

Selon la CJUE, le Royaume-Uni peut renoncer unilatéralement au Brexit.

Selon la CJUE, le Royaume-Uni peut renoncer unilatéralement au Brexit. - Niklas HALLE'N / AFP

A 48 heures du vote du parlement, Theresa May peine à convaincre.

Et si finalement on n’arrivait pas à sortir ? A 48 heures du vote sur le traité négocié avec l’Union Européenne, Theresa May a prévenu, dans une interview au journal dominical Mail On Sunday, que le rejet de l'accord ferait courir le « risque très réel » d'un maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne, « cela signifierait une grave incertitude pour le pays, avec un risque très réel de ne pas avoir de Brexit ou de quitter l'Union européenne sans accord ».

S'adressant plus particulièrement aux parlementaires conservateurs prêts à enterrer le traité, la dirigeante a agité la menace de nouvelles élections législatives, et d'une éventuelle victoire de Jeremy Corbyn, le chef du Labour, principal parti d'opposition : « Nous avons un chef de l'opposition qui ne pense qu'à essayer de déclencher des élections générales, peu importe ce que cela coûterait au pays », ajoutant que l'arrivée de M. Corbyn au pouvoir était « un risque que nous ne pouvons pas nous permettre ».

Les députés britanniques se prononceront mardi soir sur ce « Traité de retrait » de l'UE, âprement négocié durant 17 mois avec Bruxelles, mais dont l'adoption par la chambre des Communes semble très compromise en raison des multiples critiques dont il fait l'objet, dans les rangs des conservateurs de Theresa May comme des autres partis. Le texte déçoit tant les plus fervents « Brexiters », qui craignent un amarrage permanent du Royaume-Uni à l'UE, que les europhiles espérant encore pouvoir faire marche arrière. Et face à la perspective d'un échec cuisant devant les Communes, la Première ministre se prépare à se rendre en urgence à Bruxelles pour tenter d'obtenir d'ultimes concessions, quitte à reporter le vote, rapportait le journal The Sunday Times.

Gouvernement en voie de désintégration

« Le vote aura bien lieu » mardi, a toutefois assuré le ministre du Brexit Stephen Barclay, envoyé dimanche au front sur le plateau de l'émission The Andrew Marr Show, sur la BBC, pour défendre l'accord. « C'est un bon accord , c'est le seul accord », a-t-il martelé, usant de la maxime « le mieux est l'ennemi du bien » pour dénoncer les critiques visant le traité, qui a encore provoqué une nouvelle démission au sein de l'exécutif, celle de Will Quince, un haut responsable du ministère de la Défense. Dans une lettre à la Première ministre publiée sur Twitter, le député conservateur fustige notamment le « filet de sécurité » prévu dans le traité, maintenant l'ensemble du Royaume-Uni dans une union douanière avec l'UE, ainsi qu'un alignement réglementaire plus poussé pour l'Irlande du Nord, si aucun accord sur la future relation entre Bruxelles et Londres n'est conclu à l'issue d'une période de transition de 21 mois après le Brexit, prévu le 29 mars.

Evoquant d'autres possibles démissions avant le vote de mardi, le Sunday Telegraph décrivait un gouvernement en voie de « désintégration », et de potentiels successeurs de Theresa May déjà dans les starting-blocks, à commencer par l'un de ses principaux rivaux, Boris Johnson, ex-chef de la diplomatie britannique et défenseur d'un Brexit sans concession. Interrogé sur la possibilité qu'il se déclare ouvertement en cas de rejet de l'accord, ce dernier a botté en touche dimanche sur la BBC, se contentant d'indiquer qu'il « continuerait », quelle que soit l'issue du vote de mardi, « à œuvrer » pour sa vision du divorce.

Retourner à Bruxelles

« La Première ministre se bat pour nous et restera en poste » a commenté son ministre du Brexit. Mais l’arithmétique parlementaire semble lui donner tort. Les élus nord-irlandais du Parti unioniste démocrate (DUP), dont le soutien est indispensable à la majorité parlementaire de May, l'ont exhorté à retourner à Bruxelles pour tenter de renégocier un accord acceptable. « La marche à suivre, pour la Première ministre, c'est de retourner à Bruxelles », a déclaré dimanche sur Sky News Nigel Dodds, le chef du groupe parlementaire DUP à la Chambre des communes. A défaut, a-t-il prévenu, « ce à quoi nous sommes par-dessus tout déterminés, ce sera de mettre en échec le gouvernement sur cet accord ». L'ex-ministre du Brexit Dominic Raab a demandé lui aussi dimanche à Theresa May de retourner à Bruxelles pour tenter de renégocier l'accord trouvé.

Dans son rapport publié dimanche, la commission parlementaire chargée du Brexit juge à l'unanimité de ses membres, appartenant à différentes formations politiques, que l'accord négocié avec Bruxelles constitue « un pas immense dans l'inconnu, il ne fournit pas au peuple britannique ou à nos entreprises la clarté et la certitude dont ils ont besoin sur notre future relation commerciale avec l'UE dans un délai de cinq à dix ans », a souligné le président de la commission, Hilary Benn. Theresa May se contente de marteler qu’il n’était pas possible d’obtenir plus, qu’il n’y a pas de « plan B » et que le chaos menace en cas d’échec. Sans trop savoir si elle parvient à convaincre

La REDACTION