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Brexit: Johnson envoie deux lettres à l'UE, l'une pour demander un report, l'autre pour dire qu'il n'en veut pas

Le Premier ministre britannique a demandé samedi soir un report du Brexit à Bruxelles dans une lettre, mais sans y apposer sa signature, signifiant ainsi son opposition à tout délai de la sortie de l'Union européenne, normalement prévue le 31 octobre.

A 11 jours de la date-butoir du Brexit, Boris Johnson est obligé de revoir ses plans. Le Premier ministre britannique a été contraint par son Parlement de demander un report du divorce tout en martelant ne pas en vouloir.

Le vote tant attendu n'a finalement pas eu lieu. Un vote qui devait apporter enfin une clarification après plus de trois ans de saga suivant le référendum de 2016. Finalement, la décision est repoussée et les Européens se retrouvent ce dimanche matin avec trois lettres disant tout et son contraire. 

La première lettre, non signée, demande une prolongation de trois mois selon Downing Street. La deuxième, signée du Premier ministre britannique, dit qu'il ne veut pas de ce délai. Et la troisième, de l'ambassadeur britannique auprès de l'UE, Tim Barrow, précise que le report n'a été demandé que pour se plier à la loi.

"Je vais maintenant commencer à consulter les dirigeants de l'UE sur la manière de réagir", a indiqué le président du Conseil européen Donald Tusk. Selon Downing Street, le dirigeant conservateur s'est entretenu samedi après midi avec Emmanuel Macron et Angela Merkel. La présidence française a fait savoir qu'un "délai supplémentaire (n'était) dans l'intérêt de personne". 

Boris Johnson contraint de se plier à la loi

La loi qui a forcé Boris Johnson à réclamer cette extension a été adoptée en septembre dernier pour éviter un « no deal ». Elle stipule que si aucun accord de sortie n'était approuvé par le Parlement d'ici au 19 octobre, le Premier ministre devait réclamer un report du Brexit au 31 janvier 2020.

Boris Johnson espérait y échapper en faisant approuver samedi son nouvel accord de retrait de l'UE, qu'il avait arraché contre toute attente cette semaine à Bruxelles. En repoussant sa décision, la Chambre des Communes l'a contraint samedi à se conformer à cette loi.

Cette nouvelle journée folle à Westminster laisse le Royaume-Uni en plein flou sur la manière dont il va sortir de l'UE. « Une nouvelle prolongation serait dommageable pour les intérêts du Royaume-Uni et de nos partenaires européens, comme pour nos relations », a insisté Boris Johnson dans sa lettre à Donald Tusk. « Nous devons mener ce processus à sa conclusion ».

Aussitôt après le vote des députés reportant leur décision samedi, il avait prévenu qu'il ne comptait pas « négocier » de report avec l'UE et assuré qu'il présenterait la semaine prochaine au Parlement la législation nécessaire à la mise en oeuvre de son accord de Brexit.

Les ambassadeurs des 27 doivent se retrouver ce dimanche matin à Bruxelles pour évoquer la suite du processus. Une réunion qui était déjà prévue avant le rebondissement de samedi à la Chambre des Communes.

Sandrine Serais avec AFP