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Brexit, coronavirus, climat: un budget sous tension au Royaume-Uni

Boris Johnson a promis pendant la campagne des législatives de décembre une "révolution des infrastructures"

Boris Johnson a promis pendant la campagne des législatives de décembre une "révolution des infrastructures" - AFP

Le gouvernement de Boris Johnson va présenter mercredi le premier budget post-Brexit du Royaume-Uni, en pleine crise du coronavirus qui risque de bousculer certaines de ses priorités dans les infrastructures et la transition climatique.

Le gouvernement de Boris Johnson présentera mercredi le premier budget post-Brexit du Royaume-Uni. Un exercice attendu d'autant que comme d'autres pays, le pays fait face à une crise du coronavirus qui peut bousculer des priorités autant dans les infrastructures et que dans la transition climatique.

Le tout nouveau Chancelier de l'Échiquier (ministre des Finances) Rishi Sunak doit annoncer "que le gouvernement prend des mesures fermes et vastes contre le Covid-19", a indiqué vendredi le Trésor. Le virus a entraîné l'annulation en série de multiples événements ou voyages, l'évacuation de centaines de salariés ou leur mise au repos. L'industrie manufacturière est particulièrement touchée car les livraisons de matériaux et pièces détachées sont perturbées, notamment dans l'automobile. 

Coronavirus: l'indemnisation des indépendants

Les secteurs aérien et du tourisme souffrent aussi, avec une première victime de l'épidémie, la compagnie régionale Flybe, contrainte de cesser ses activités face à l'effondrement du trafic. De ce fait, l'OCDE a abaissé sa prévisions de croissance pour le Royaume-Uni à 0,8% contre 1% cette année.

Cette tempête s'abat alors que la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, finalement réalisée fin janvier après trois ans et demi d'impasse, a déjà coûté plus de 4,4 milliards de livres (4,6 milliards d'euros) aux contribuables britanniques, selon le contrôleur des comptes publics britanniques (NAO).

C'est dans ce tableau qu'entre en jeu Rishi Sunak, 39 ans, en poste depuis moins d'un mois après le départ surprise de son prédécesseur Sajid Javid, en désaccord avec la volonté de Downing Street de reprendre en main ses équipes.

Pour Ruth Gregory, de Capital Economics, "Sunak ne va pas rester sans rien faire face au plongeon des marchés financiers et aux craintes que le coronavirus tourne à la pandémie". 

Boris Johnson a déjà annoncé une poignée de mesures, notamment une indemnisation des travailleurs indépendants s'ils se mettent en arrêt maladie pour éviter des contaminations inutiles entre collègues. Des fonds ont aussi été débloqués pour permettre aux hôpitaux de s'équiper et pour aider au développement rapide d'un vaccin contre le coronavirus.

De l'argent pour le nord

"La deuxième priorité sera de concrétiser les promesses de campagne et d'ouvrir les vannes des dépenses d'investissements", ajoute Mme Gregory. Boris Johnson a promis pendant la campagne des législatives de décembre une "révolution des infrastructures" et Sajid Javid avait laissé entendre que la règle budgétaire des Conservateurs, à savoir un déficit budgétaire sous 2%, pourrait être assouplie.

Le gouvernement avait dit vouloir tourner la page d'une décennie d'austérité depuis la crise de 2008 qui a considérablement rogné sur les services publics, pour débloquer des milliards de livres pour l'éducation, le système de santé public (NHS), et la police.

Johnson ne cesse aussi de répéter qu'il veut "rééquilibrer" les régions du pays en injectant plus de fonds dans le nord, où de nombreux ex-bastions travaillistes ont voté conservateur aux législatives.

Les baisses de taxes promises par Boris Johnson

Le Premier ministre a promis d'investir dans les réseaux de bus, la modernisation des trains locaux. Il a aussi validé en février le colossal projet de ligne à grande vitesse HS2 qui doit relier Londres au nord de l'Angleterre, malgré un coût faramineux et l'opposition d'élus et des écologistes.

Un vaste plan d'investissements stratégique pour investir 100 milliards de livres dans l'économie, la connectivité entre régions et la transition énergétique pourrait toutefois être supplanté par la crise du coronavirus et être repoussé de plusieurs mois.

"Les incertitudes ont augmenté ce qui donnerait des arguments pour repousser certaines décisions à l'automne", estime Carl Emmerson, analyste de l'institut de recherche sur le budget IFS, interrogé par l'AFP.

Boris Johnson a aussi promis de baisser la taxe sur les locaux commerciaux pour aider les commerçants en pleine crise, de diminuer les taxes salariales payées par les employés à faibles revenus ou indépendants, ou de supprimer la TVA sur les tampons, mesure qui était très demandée au Royaume-Uni. Comme le demandait ardemment Flybe avant de mettre la clé sous la porte, le gouvernement pourrait aussi baisser les taxes sur les vols... A moins que l'urgence climatique ne l'en dissuade.

Le spectre d'une épidémie de plus en plus vaste et de son impact sur l'économie britannique pourrait aussi reporter en partie la lutte contre le réchauffement planétaire, malgré la promesse d'atteindre la neutralité carbone en 2050. Les associations environnementales mais aussi le monde de la finance ou de l'industrie réclament des mesures fortes, notamment une taxe carbone élevée, ou des incitations pour acheter des voitures électriques.

P.S. avec AFP