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Brexit: l'accord de Boris Johnson voué à l'échec, un nouveau délai en perspective?

Boris Johnson à Londres le 20 septembre

Boris Johnson à Londres le 20 septembre - Ben Stansall / AFP

La nuit a été longue et furieuse au Royaume-Uni. Le plan de Boris Johnson pour un accord alternatif semble désormais totalement exclu alors que la rupture entre Bruxelles et Londres n'a jamais été aussi prégnante.

Et maintenant ? C'est la question qui revient régulièrement dans la presse britannique qui, de façon didactique, tente de faire suivre à ses lecteurs le processus complexe du Brexit. Et maintenant ? "That is the big question" répond le Guardian. La nuit laissé des traces, après une série de fuites, évidemment contrôlées, de Downing Street. La première, mardi soir, a ainsi assuré au magazine The Spectator que Boris Johnson tablait sur un échec des négociations avec l'Union européenne, tout en refusant un nouveau report. 

Plus tard, une autre source a évoqué un entretien téléphonique particulièrement tendu entre Boris Johnson et Angela Merkel. La chancelière allemande a prévenu le chef du gouvernement conservateur qu'un accord était "extrêmement improbable" faute de nouvelles propositions de Londres prévoyant un maintien de l'Irlande du Nord britannique dans l'union douanière européenne. Ce que le Royaume-Uni refuse.

"Une véritable tragédie"

En Europe, le sang du président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, n'a fait qu'un tour, accusant sur Twitter Boris Johnson de jouer avec "l'avenir de l'Europe et du Royaume-Uni" en se prêtant à un "jeu stupide consistant à trouver un coupable" en cas d'échec des négociations.

Refusant lui aussi ce "blame game", le président de la Commission Jean-Claude Juncker a estimé dans une interview aux quotidiens français les Echos et l'Opinion que "le péché originel se trouve sur les îles et non sur le continent". "Un Brexit sans accord entraînerait un affaissement du Royaume-Uni et un net affaiblissement des ressorts de croissance sur le continent", a-t-il ajouté, estimant que "perdre un Etat-membre pour des raisons de stricte politique intérieure (...) reste une véritable tragédie".

Après un entretien téléphonique d'une quarantaine de minutes mardi, Boris Johnson et son homologue irlandais Leo Varadkar "espèrent se rencontrer cette semaine", selon Downing Street, même si Leo Varadkar a convenu qu'il serait "très difficile de parvenir à un accord d'ici la fin de semaine prochaine", sur la chaîne RTE.

Vers un nouveau délai?

Plus inquiétant, la situation même au sein du cabinet de Boris Johnson semble explosive. Selon le Times, certains ministres sont déjà prêts à démissionner, notamment le ministre pour l'Irlande du Nord ou encore Julian Smith, le secrétaire à la Justice, pour protester contre l'éventualité d'un "no deal". De la même façon, la presse britannique observe les jeux de pouvoirs au 10 Downing Street où les différents conseillers de Boris Johnson, cités comme "sources anonymes" délivrent aux journalistes des informations souvent contradictoires, à la fois pour critiquer l'Union européenne et pour assurer de la bonne volonté, souvent feinte, du gouvernement britannique de trouver un accord d'ensemble. L'idée est surtout de préparer l'opinion aux prochaines élections, qui semblent désormais inéluctables. 

Et maintenant ? L'Union européenne pourrait proposer un nouveau délai, selon la presse britannique. Jusqu'à l'été prochain afin d'éviter un "no deal" précipité et laisser un nouveau scrutin s'organiser sereinement dans le pays. Les 27 devraient en discuter dès la semaine prochaine.

Thomas Leroy, avec l'AFP