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Brexit: l'UE "ne se laissera pas impressionner" par le Royaume-Uni, prévient Michel Barnier

Michel Barnier, négociateur européen du Brexit

Michel Barnier, négociateur européen du Brexit - THIERRY CHARLIER / AFP

Le négociateur en chef pour le Brexit a dénoncé ceux qui au Royaume-Uni cherchent à faire porter à Bruxelles "la responsabilité des conséquences" d'un retrait de l'UE.

Le négociateur en chef de l'UE pour le Brexit Michel Barnier a averti ce vendredi que l'UE ne se "laissera pas impressionner" par le Royaume-Uni dans les négociations sur leur futur partenariat après le retrait britannique.

"Nous ne nous laisserons pas impressionner, je ne me laisserai pas impressionner par cette forme de 'blame game'", le jeu des reproches instauré par "certains" au Royaume-Uni qui "cherchent à nous faire porter à nous la responsabilité des conséquences" d'un retrait de l'UE, a déclaré Michel Barnier lors d'une conférence de presse à Bruxelles.

"Demande de statu quo"

Évoquant les discussions en cours sur la forme que prendrait la relation entre les deux parties après le Brexit tant en matière économique que stratégique, le Français a souligné un paradoxe:

"Jusqu'à présent dans tous les papiers britanniques que nous recevons et que je lis attentivement (...) il y a une demande de statu quo, une forme de continuité assez paradoxale alors que ce pays a pris lui-même la décision de quitter l'Union européenne", a noté Michel Barnier. "Ainsi, le Royaume-Uni semble vouloir maintenir tous les bénéfices de la relation actuelle tout en sortant de notre cadre réglementaire, de notre cadre de supervision commune et de sa mise en oeuvre", a-t-il poursuivi.

L'UE, un "ennemi" à combattre

Le départ britannique est prévu fin mars 2019, et les deux camps se sont accordés sur l'idée d'une période de transition jusqu'à fin 2020, période nécessaire pour négocier un accord de libre-échange, notamment une fois le Royaume-Uni devenu un pays tiers. "Si nous voulons construire une nouvelle relation il faut une base de confiance, il faut aussi plus de réalisme sur ce qui est et sera possible, et sur ce qui ne l'est pas", a asséné Michel Barnier.

Outre-Manche, les tensions au sein du gouvernement britannique restent fortes entre partisans d'un Brexit "dur" et "doux". Lors d'un dîner organisé en début de semaine, privé mais dont plusieurs médias ont obtenu un enregistrement, le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson a évoqué l'UE comme un "ennemi" à combattre. Le Brexit sera "irréversible" mais "il risque de ne pas être celui que nous voulons", a-t-il ajouté.

Boris Johnson a ainsi estimé que le risque était grand de voir le Royaume-Uni accepter un accord violant de nombreuses "lignes rouges" des tenants d'un Brexit sans concession, tel que lui le défend, maintenant le pays "emprisonné en orbite autour de l'UE, dans l'union douanière et dans une large mesure au sein du marché unique".

P.L avec AFP