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Brexit : l’ultimatum lancé par l’Espagne sur Gibraltar

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- - JORGE GUERRERO / AFP

A la pointe sud de la péninsule ibérique, le petit territoire britannique de Gibraltar, revendiqué par l’Espagne, continue de faire débat. Madrid menace de bloquer le Brexit.

Du jour au lendemain. Le chef de la diplomatie espagnole, Josep Borell, affirme avoir vu apparaître dans la nuit de mercredi dernier, soudain, l’article 184 portant sur Gibraltar dans le texte sur le Brexit. Il y est écrit que « l’Union européenne et le Royaume-Uni (…) négocieront la relation future ». Le ministre espagnol a exprimé son vif désaccord au négociateur en chef de l’UE, Michel Barnier, et a exigé de lui une solution avant le sommet spécial de Bruxelles du 25 novembre. Pour le gouvernement de Pedro Sanchez, les cinq lignes sur ce territoire, possession britannique depuis 1704, n’ont pas lieu d’être : son statut futur est affaire à traiter entre Madrid et Londres. Position officielle martelée hier : « Gibraltar ne fait pas partie du Royaume-Uni. C’est un territoire colonial ». La presse madrilène explique que les juristes qui conseillent le Premier ministre craignent que le maintien de cet article ne puisse être assimilé ensuite à la reconnaissance d’une souveraineté britannique.

Solution en cours

Ce mardi, Pedro Sanchez a donc lancé un ultimatum. « Aujourd'hui, j'ai le regret de dire qu'un gouvernement pro-européen comme celui de l'Espagne votera, s'il n'y a pas de changements, non au Brexit » a-t-il déclaré lors d'une conférence organisée par The Economist à Madrid.

Au ministère espagnol des Affaires étrangères, on admet qu’il va être difficile de réécrire l'article en question. Le compromis pourrait résider dans une évacuation vers un protocole annexe ou bien qu’il y ait directement un ajout - une clarification : le contentieux de souveraineté ne relève pas de l’UE. Les services juridiques du Conseil européen y travaillent. D’après des sources gouvernementales espagnoles, Michel Barnier a donné des assurances, hier, sur la cohérence de la solution. Et ces mêmes sources se déclarent confiantes que les choses s’arrangent. Mais à Gibraltar, les autorités locales jugent que l’Etat espagnol est en train d’altérer la confiance. Le chef de l’exécutif gibraltarien estime que le « langage des vétos et des exclusions », que ce serait qu’emploie la diplomatie espagnole, « ne devrait plus exister au sein d’une Europe moderne ».

Défaut de vigilance ?

Le gouvernement Sanchez est pris de court, pour ne pas dire à revers : la semaine dernière, il avait décidé d’un plan de « co-souveraineté » sur Gibraltar, à négocier avec Londres, et comportant un volet économique important. Or, dans ce dossier, les conservateurs, évincés du pouvoir il y a 5 mois seulement, entendent apparaître comme les plus soucieux du rang de l’Espagne. Le parti populaire a, ainsi, aussitôt reproché aux socialistes un défaut de vigilance, voire de la faiblesse, dans ce processus de sortie du Royaume-Uni de l’UE. Le gouvernement de centre-gauche a donc le souci de ne pas laisser s’installer l’idée qu’il brade les intérêts historiques de la nation. Surtout pas au moment où il envisage la convocation d’élections pour mai prochain, afin d’asseoir une majorité parlementaire actuellement très fragile.