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Brexit : la Grande-Bretagne prépare un réel « plan de guerre »

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Le gouvernement britannique veut préparer une flotte de navires remplis de vivres et de médicaments, en cas d’absence d’accord lors de la sortie de l’Union européenne.

Un membre du gouvernement de Theresa May estime que c’est le « genre de choses que l’on fait en temps de guerre ». Un député de l’opposition travailliste y voit, lui, l’illustration d’un Brexit devenu une « déclaration de guerre contre nous-mêmes ». D’après les informations ayant filtré mardi soir, le cabinet britannique a eu l’exposé des risques qu'entraînerait le blocage rapide de la liaison stratégique Douvres-Calais, du fait de futures inspections côté français, que ce soit au port ou bien à la sortie du tunnel sous la Manche. Sans compromis sur le Brexit, les flux ne pourraient fonctionner qu’à 25 % des capacités normales, au mieux, et cela, jusqu’à 6 mois après la date de rupture.

Une source gouvernementale citée par le quotidien économique « Financial Times » soutient que « les Français pourraient même provoquer un chaos s’ils effectuent des contrôles poussés ». Londres serait forcé d’élaborer une vaste alternative pour ses approvisionnements « critiques ». Le ministère des Transports envisage ainsi d’affréter une flotte de navires afin de pouvoir contourner l’axe Douvres-Calais, chargés de nourritures, médicaments, pièces détachées

90% de médicaments importés

La chaîne privée Itv rapporte que trois options sont examinées : l’achat de bateaux, la location dans le secteur privé ou bien le réaménagement de bâtiments de guerre. L’option de la marine militaire apparaît, pour l’heure, comme la moins probable. Les services de l’Etat recherchent des plans dans leurs archives. Il y a eu 1948, où le gouvernement travailliste de Clement Attlee décide de créer une compagnie nationale maritime du fret, pour faciliter le ravitaillement. Plus proche, en 1982, le cabinet conservateur de Margaret Thatcher réquisitionne de nombreux navires privés durant la guerre des Malouines. 

Cette fois, il faut trouver la solution qui puisse fonctionner dans une configuration de paralysie de Douvres, point d’accès crucial d’une nation dépendante des produits alimentaires et pharmaceutiques étrangers en général, et européens, en particulier. Fin 2017, l’association britannique des distributeurs de produits de santé a réclamé du Parlement la sécurisation des chaînes d’approvisionnement, puisque 90 % des médicaments proviennent de l’extérieur, dont la moitié de l’Union européenne (UE).

En mars dernier, c’est le PDG de Sainsbury, 2ème réseau de supermarchés du pays, qui a déclaré craindre une « crise alimentaire » d’une nature sans précédent en cas de blocage des frontières. En juillet, la London School of Economics, mandatée par une grande coopérative agricole, a publié une étude retentissante prévoyant que le beurre et le yaourt deviennent produits de luxe. Les mises en garde s’accumulent. Mais, certains au Royaume-Uni n’y perçoivent qu’une grossière propagande maniée par des gens qui ne veulent décidément pas faire leur deuil de l’UE. D’autres, dans l’appareil d’Etat, préfèrent quand même prendre les devants. Au cas où.