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Brexit: le gouverneur canadien de la Banque d'Angleterre prêt à partir?

Le futur de Mark Carney en question

Le futur de Mark Carney en question - Policy Exchange - Wikimedia Commons - CC

Marc Carney, nommé à la tête de l'institution britannique en 2013, songerait à quitter la banque centrale en 2018, selon plusieurs médias. En cause, ses relations orageuses avec le gouvernement qui a plusieurs fois mis à mal le principe d'indépendance de la banque centrale.

"Should I stay or should I go" ("dois- je partir ou rester?"). La chanson du groupe anglais The Clash n'a jamais été autant d'actualité pour le canadien Mark Carney, premier gouverneur de la Banque d'Angleterre n'ayant pas la nationalité britannique.

Depuis le "oui" au Brexit lors du référendum du 23 juin dernier, il a pourtant tout fait pour tenter de garder l'économie du Royaume-Uni sur les rails. Dès le lendemain du vote, la Banque d'Angleterre s'était dite prêt à injecter 250 milliards de livres dans l'économie, puis, début août, elle avait abaissé ses taux. Si bien que Danny Blanchflower, un économiste et ancien conseiller de la Banque d'Angleterre, a loué sur Twitter son action.

"Je suis impressionné par la performance post-Brexit de Mark Carney qui, par-dessus-tout, est l'adulte dans la salle, alors que les politiciens jouent à des jeux d'enfants".

Relations orageuses

Sauf que les "enfants" ont parfois tendance à pousser les adultes à bout. Ainsi, plusieurs médias britanniques ont rapporté ce week-end que le Canadien songerait à lâcher les rênes de l'institution britannique en 2018, et ne pas prolonger son mandat de trois ans comme il lui est permis.

En cause: des "motivations personnelles" et familiales, selon le Sunday Times, mais aussi ses relations difficiles avec le gouvernement actuel. La Première ministre Theresay May avait ainsi critiqué la baisse de taux de la Banque d'Angleterre expliquant qu'elle avait "des effets secondaires néfastes" sur les retraités et les épargnants. Ce à quoi le Canadien avait répondu, selon Reuters, que "les objectifs sont fixés par les politiciens mais les politiques sont exécutés par les technocrates. Nous ne prendrons pas d'ordre venant des politiciens", affirmait-il mi-octobre.

Mais Theresa May n'était pas la seule à avoir fait quelque peu vaciller le principe d'indépendance de la Banque d'Angleterre. Beaucoup de Tories (élus conservateurs) avaient déjà critiqué Carney pour ses nombreux avertissements sur les conséquences potentielles d'un Brexit, avant le référendum du 23 juin.

Le "Carney bashing", le sport de la droite anglaise

Depuis, le Guardian, un journal plutôt ancré centre-gauche, souligne que critiquer vivement Mark Carney est devenu le nouveau sport national chez les Tories. Michael Grove, un ex-ministre de la justice et candidat à la présidence du parti conservateur, avait ainsi affirmé le 21 octobre que le Canadien devait se rappeler "le destin des empereurs chinois qui ont été dépassés par des forces qu'ils ne contrôlaient pas parce qu'ils n'acceptaient pas la moindre critique". Nigel Lawson, chancelier de l'Échiquier (c'est-à-dire ministre des Finances) sous Thatcher, a même affirmé qu'il se "comportait honteusement".

Est-ce suffisant pour pousser Mark Carney à partir? Pas forcément. Selon le Financial Times, le Canadien a affirmé à "ses amis" qu'il ferait une annonce cette semaine, probablement jeudi, sur son futur à la tête de l'institution. Ce après un bref entretien avec Theresa May et Philip Hammond, l'actuel chancelier de l'Échiquier. D'après le quotidien britannique, le Canadien devrait balayer les rumeurs relayées ce week-end, et réaffirmer qu'il compte garder son poste jusqu'en 2021. À moins que l'entretien avec Theresa May se passe (beaucoup) plus mal que prévu...

Julien Marion