BFM Business
International

Brexit :le Royaume-Uni dans l'incertitude

Theresa May, la Première ministre britannique à la Chambre des Communes le 19 décembre dernier.

Theresa May, la Première ministre britannique à la Chambre des Communes le 19 décembre dernier. - HO / PRU / AFP

Tous les scénarios sont envisageables, alors que les députés sont en vacances parlementaires

A moins de cent jours du Brexit, le Royaume-Uni est plongé dans la plus grande incertitude. Les députés britanniques sont en vacances depuis le 20 décembre, mais le 9 janvier prochain, ils reprendront l’examen de l’accord de retrait négocié par Theresa May avec les 27 autres chefs d’état et de gouvernement en novembre dernier et devront se prononcer, en principe, la semaine suivante, celle du 14 janvier.

Le spectre du « No Deal »

Le 11 décembre dernier, Theresa May avait décidé, en catastrophe, de reporter un premier vote plutôt que d’essuyer une humiliante défaite : une large majorité de députés semblait alors prête à rejeter cet accord, qui « ne satisfait personne », pour reprendre les mots de l’ancien Premier ministre Tony Blair. De l’opposition travailliste aux alliés unionistes nord-irlandais, en passant par les Europhobes du Parti conservateur ou les nationalistes écossais, tous s’opposent, pour des raisons diverses, à ce texte controversé.

Mais la Première ministre britannique a donc repoussé le vote à la semaine du 14 janvier. Elle espère d’ici là convaincre la chambre des Commune d’approuver ce texte. Elle parie sur la peur que suscite un divorce sans accord, qui pourrait plonger le pays dans le chaos. Le spectre du « no deal », longtemps agité comme un épouvantail, devient de plus en plus tangible, à mesure que se rapproche le 29 mars, date prévue du divorce.

Le Brexit reporté ou annulé ?

Néanmoins, Theresa May a toujours la possibilité de reporter cette date butoir : le Royaume-Uni a en effet le droit de retarder l’entrée en vigueur du Brexit ou même de l’annuler ! Ainsi en a décidé la Cour de Justice de l’Union européenne le 10 décembre dernier. La Première ministre britannique pourrait donc activer cette option en cas de rejet de l’accord par la Chambre des Communes.

Mais aura-t-elle le temps de mettre en place un plan B en case de rejet de son accord ? L’opposition travailliste a émis l’hypothèse d’une motion de défiance à son encontre, mais elle a peu de chances de passer : le camp conservateur, malgré ses divisions, semble prêt à la soutenir.

Un deuxième référendum ?

Mais l’option qui monte dans l’opinion depuis plusieurs semaines est celle d’un nouveau référendum. La proposition d’un deuxième « people’s vote » est notamment relayée par l’ancien Premier ministre Tony Blair et le maire de Londres Sadiq Khan, qui plaident pour que les Britanniques se prononcent sur l’accord négocié par Theresa May. Mais quel serait l’autre choix proposé aux Britanniques ? Le maintien dans le Royaume-Uni ou bien la sortie sans accord ? Difficile d’organiser un référendum à trois questions.

Quoi qu’il en soit, cette hypothèse a jusque-là été fermement rejetée par Theresa May. Quant au leader du parti travailliste, Jeremy Corbyn, il a pris ses militants à rebrousse-poil en déclarant dans une interview le 22 décembre, qu’en cas de victoire à d’éventuelles élections anticipées, il souhaiterait « poursuivre [sur la voie du Brexit] en essayant d’obtenir une union douanière avec l’UE dans laquelle nous serions capables d’être de bons partenaires commerciaux ».

Les prochaines élections législatives ne sont pas prévues avant 2022, à moins qu’un scrutin anticipé ne soit ordonné. En attendant, la cheffe du gouvernement répète à l’envie : « My deal, no deal or no Brexit ».