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Brexit: où en sont les négociations?

Le Brexit devrait être prononcé le 29 mars 2019.

Le Brexit devrait être prononcé le 29 mars 2019. - Oli Scarff - AFP

Les conditions du divorce entre l’Union européenne et le Royaume-Uni se dessinent, à un an de la date fatidique. A moins que…

Dans un an exactement, le Royaume-Uni n’appartiendra plus à l’Union européenne, respectant ainsi la décision prise par les électeurs britanniques le 23 juin 2016. Mais la future relation entre Londres et Bruxelles fait toujours l’objet d’âpres négociations, même si ses contours commencent à se dessiner.

Tour d’horizon des décisions déjà prises et des questions encore en suspens.

Quand doit être prononcé le divorce et à quelles conditions?

Le Royaume-Uni doit officiellement sortir de l’UE le 29 mars 2019. Mais les deux parties peuvent encore convenir de retarder l’échéance. En outre, les 27 ont approuvé fin janvier le principe d'une période "de transition statu quo", avec maintien de la libre circulation des biens, services et personnes, mais lors de laquelle Londres n'aura plus son mot à dire sur les décisions de l'UE. Celle-ci pourrait courir jusque fin 2020.

Quelles relations de voisinage?

Un accord préliminaire a été trouvé en décembre sur les trois questions clés: la facture de sortie, les droits des citoyens européens et la frontière entre la province britannique d'Irlande du Nord et la République d'Irlande. Sur cette dernière question, les Britanniques ont accepté d'intégrer l'option d'un "espace réglementaire commun" incluant l'UE et l'Irlande du Nord, au moins jusqu'à ce qu'une autre solution satisfaisante soit proposée.

"Les dirigeants évalueront en juin si la question irlandaise a été résolue et comment procéder sur une déclaration commune sur notre future relation" avec le Royaume-Uni, a expliqué le président du Conseil européen Donald Tusk. Concernant les citoyens, il est stipulé que les droits des plus de trois millions d'Européens vivant au Royaume-Uni et du plus d'un million d'expatriés britanniques dans l'UE seraient préservés et qu'ils pourront réclamer le statut de résident permanent.

Enfin, le Royaume-Uni a accepté de continuer à contribuer au budget de l'UE jusqu'en 2020 et d'honorer tous les engagements pris. Ce qui correspondrait selon ses calculs de 40 à 45 milliards d'euros.

Quelles règles commerciales?

Le Royaume-Uni veut quitter le marché unique et l'union douanière pour pouvoir négocier ses propres accords commerciaux et mettre fin à la liberté de circulation des citoyens européens, mais veut un accord de libre échange "le plus large possible".

De son côté, l'UE insiste pour que cet accord préserve l'indivisibilité de son marché unique, rappelant une nouvelle fois un de ses principes de base dans cette négociation: pas de commerce "à la carte", secteur par secteur.

En l’absence d’accord, le Royaume-Uni se verrait appliquer les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), synonymes de barrières douanières et tarifaires.

Le Royaume-Uni peut-il encore reculer?

L’idée fait son chemin outre-Manche. La pression des milieux d’affaires, qui craignent pour l’attractivité du Royaume-Uni, commence à porter leurs fruits. L’opinion publique est ainsi largement divisée: selon un sondage pour le Guardian, publié à la fin du mois de janvier, 42% des Britanniques souhaitent désormais sortir de l’UE, et 46% veulent y rester.

Côté politique, les pro-brexit les plus influents, tels que le ministre des Affaires étrangères Boris Johnson ou le leader de l’Ukip Nigel Farage, n’excluent plus la possibilité d’un nouveau référendum. Et l’opposition travailliste souhaite que le parlement puisse intervenir si les termes de l’accord final ne lui conviennent pas.

David Davis, qui négocie les conditions de sortie en compagnie du Français Michel Barnier, l’avait d’ailleurs souligné dès 2012: "Si une démocratie ne peut changer d'avis, elle cesse d'être une démocratie".

Un revirement reste donc possible, même si la réaction du peuple britannique serait alors imprévisible.

Yann Duvert avec AFP