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Brexit: qui va gagner le match Paris-Francfort pour récupérer les banques?

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HSBC à Paris, Goldman Sachs à Francfort... Alors que les banques d'affaires commencent à redéployer leurs effectifs sur le vieux continent, une étude d'un cabinet spécialisé dans les relocalisations compare les deux métropoles. Et Paris n'a pas forcément la cote...

C'est un match à 1,6 milliard d'euros que jouent en ce moment Paris et Francfort. L'enjeu? Récupérer les banques basées à Londres qui désirent se maintenir sur le territoire de l'Union Européenne, après le Brexit. Pourquoi 1,6 milliard d'euros? Si l'on en croit la plateforme en ligne dédiée aux services de déménagements Movinga.de, cette somme correspond aux salaires cumulés des banquiers et traders qui devraient quitter la Grande-Bretagne pour le vieux continent.

En effet, 13.200 travailleurs seraient concernés par ces relocalisations. Or, lorsque l’on combine leur salaire annuel et leur bonus, les traders et les investisseurs gagnent en moyenne 116.996 euros par an, détaille Movinga. Ensemble, ces 13.200 travailleurs gagnent près de 1,6 milliard d'euros. Une énorme opportunité pour les économies française et allemande en termes de dépenses de consommation et de recettes fiscales. Movinga estime ainsi que la France pourrait faire rentrer 634,7 millions d'euros de recette fiscale nouvelle dans ses caisses (650 millions pour l'Allemagne) rien qu'avec l'impôt sur le revenu des salariés. Et c'est sans compter sur l'impôt sur les sociétés que les Etats vont aussi prélever. Une manne très importante.

1. Combien de postes doivent encore être relocalisés?

Deux banques ont pour l'heure annoncé leur intention de relocaliser en Union Européenne: HSBC (1.000 personnes) qui a choisi Paris et Goldman Sachs (1.600 personnes) qui a opté pour Francfort, soit pour l'heure 2.600 postes sur 13.200. Mais le gros des troupes reste à venir, soit 11.600 postes. Voici le nombre d’employés et de postes en jeu dans le domaine.

JP Morgan 4.000 postes

Citigroup 2.000 postes

Morgan Stanley 2.000 postes 

Goldman Sachs 1.600 postes

Bank of America 1.400 postes

HSBC 1.000 postes

UBS 1.000 postes

BNP Paribas 200 postes

2. Quelle ville serait la moins coûteuse pour l'entreprise?

Spécialisée dans le déménagement des entreprises, Movinga dresse un comparatif des 2 villes en ce qui concerne les coûts de l'immobilier de bureau et le niveau d'imposition. Le résultat est très nettement favorable à Francfort.

Coût moyen mensuel du m² de bureau:

Francfort: 37 euros

Paris: 55,42 euros

Taux d'imposition des sociétés:

Francfort: 29% sur les bénéfices

Paris: 33,3% sur les bénéfices

3. Quelle ville serait la moins coûteuse pour le salarié?

Si les banques ne soumettront pas leur décision au vote de leurs salariés, cet aspect pourrait aussi (un peu) peser dans la balance. Et sur ce point, c'est une nouvelle fois Francfort qui l'emporte sur Paris. Seloger dans la capitale française revient beaucoup cher que dans la cinquième ville allemande, qu'on y soit locataire ou qu'on préfère y acheter son logement. Et ce alors que le PIB par habitant est légèrement plus élevé à Francfort (85.300 euros) qu'à Paris (80.500 euros). 

Loyer mensuel moyen pour un luxueux 150 m²:

Francfort: 2.355 euros

Paris: 5.149 euros

Prix moyen à l’achat pour un 150 m²:

Francfort: 1,19 million d'euros

Paris: 1,43 million d'euros

Le seul point sur lequel la relocalisation à Paris serait plus intéressante c'est le coût du déménagement personnel des salariés. Movinga l'estime à 2.690 euros pour Francfort et 1.385 euros pour Paris. Ce qui est logique vu que Paris est bien plus près de Londres que Francfort.

Bilan:

Au final sur le strict plan matériel, Francfort semble plus compétitive pour attirer les banques basées à Londres. Et malheureusement pour Paris, ce n'est pas le seul atout de la cinquième ville allemande. Outre le fait qu'elle abrite la Banque Centrale Européenne, elle aurait aussi les faveurs des décideurs de Wall Street.

"L'handicap de Paris, finalement, c’est le sentiment antibusiness qui y règne. Cela se traduit par des charges sociales beaucoup plus élevées en France qu’en Allemagne", explique sous couvert d'anonymat un banquier dans Le Monde. Je n’ai aucun doute, ce sera Francfort qui l’emportera." L'élection présidentielle et la campagne agressive (et humoristique) de la capitale française pourraient néanmoins encore changer le résultat, estiment des observateurs. 

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco