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Brexit : Theresa May dans la tourmente

La Première ministre britannique Theresa May mercredi soir devant le 10, Downing street après l'aval de son gouvernement au projet d'accord

La Première ministre britannique Theresa May mercredi soir devant le 10, Downing street après l'aval de son gouvernement au projet d'accord - TOLGA AKMEN / AFP

La Première ministre britannique a défendu bec et ongles le projet d'accord sur le Brexit, qui a provoqué une série de démissions, dont celle du ministre du Brexit et la demande d'une motion de censure.

Theresa May a sans doute passé l'une des journées les plus éprouvantes de son mandat. Quelques heures après le feu vert de son cabinet mercredi soir au projet d’accord sur le Brexit, la Première ministre britannique a affronté des démissions en chaîne, dont celle du ministre de Brexit, Dominic Raab.

Le Royaume-Uni « en plein chaos »

C’est un coup dur pour Theresa May qui a essuyé un feu soutenu de critiques à la Chambre des Communes, car ce texte a réussi à provoquer l'ire des pro-européens comme des partisans d'un « brexit dur ». Ces derniers sont furieux des concessions accordées pour éviter le retour d'une frontière en dur entre les deux Irlandes : le maintien du Royaume-Uni dans une union douanière avec l'UE et les dispositions concernant l'Irlande du Nord, qui menacent « l'intégrité du Royaume-Uni »

De leur côté, les travaillistes ont aussi exprimé leur rejet de l'accord : « L'accord trouvé avec l'Union européenne sur le Brexit n'a le soutien ni du gouvernement, ni du Parlement, ni du pays » a fustigé le chef du Labour Jeremy Corbyn. Ce projet d'accord ne garantit pas les droits des salariés selon lui, et « compromet l'emploi » en maintenant l'incertitude. Enfin, le pays est, selon lui, « en plein chaos ». 

Theresa May défend l'accord de retrait

Pendant trois heures au Parlement et ce jeudi soir en conférence de presse, Theresa May a défendu cet accord bec et ongles, « le meilleur possible pour le pays » a-t-elle affirmé. Elle a mis les députés face à leurs responsabilités : « le choix est clair : nous pouvons choisir de partir sans accord, risquer qu'il n'y ait pas de Brexit du tout ou soutenir le meilleur accord négociable », a averti la Première ministre britannique. Dans le même temps, elle a opposé une fin de non recevoir aux partisans d'un nouveau référendum : « Je vais vous décevoir. Nous quitterons l'Union européenne le 29 mars 2019 ».

Quoiqu'il en soit, un feu vert du Parlement britannique à l’accord de retrait semble peu probable le mois prochain. La censure de ce texte conduirait inévitablement à un divorce sans accord.

Vers un vote de défiance ?

En attendant, un groupe de conservateurs, partisans d'un Brexit radical, ont réclamé une motion de défiance à l’encontre de Theresa May. Quarante-huit signatures sont nécessaires pour pouvoir organiser un vote et une majorité de 158 députés conservateurs (sur 315) est ensuite requise pour pouvoir renverser la cheffe du gouvernement. Mais on n'en est pas encore là : bien que de nombreux députés soient mécontents de l'accord de retrait, ils sont encore davantage à redouter une victoire du Parti travailliste en cas de nouvelles élections.

Theresa May s'est dit prête à se battre jusqu'au bout, car « gouverner, c'est prendre les bonnes décisions, et non les décisions faciles » a-t-elle déclaré en conférence de presse. Une conférence de presse que la Première ministre a conclu par une référence à un joueur de cricket, célèbre pour ne « jamais rien lâcher, et qui gagne toujours à la fin ».