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Brexit: Theresa May propose une transition de deux ans, l'UE applaudit

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- - Jeff J Mitchell - AFP

La cheffe du gouvernement britannique a proposé ce vendredi à l'UE que, pendant deux ans consécutivement au Brexit, leurs relations restent les mêmes, et a affirmé que son pays tiendrait ses engagements financiers. Des propos dont s'est félicité le commissaire européen Michel Barnier.

La Première ministre britannique Theresa May a proposé à l'Union européenne une période de transition de deux ans après le Brexit, dans un discours prononcé vendredi à Florence (Italie). Pendant cette période, les relations liant l'UE au Royaume-Uni resteraient en l'état, afin de pouvoir assurer une sortie de l'Union de son pays "en douceur et ordonnée", a souligné Theresa May.

Cette période d'ajustement offrirait au Royaume-Uni la possibilité de continuer à faire affaire librement avec le bloc européen, une proposition réclamée par son ministre des Finances Philip Hammond et les milieux d'affaires, inquiets d'une sortie sans filet de l'UE. "Je sais que les entreprises, en particulier, accueilleraient favorablement les certitudes que cela donnerait", a souligné Theresa May.

"La réussite de nos négociations est dans l'intérêt de tous"

Theresa May a par ailleurs assuré que son pays honorerait ses engagements financiers après sa sortie de l'Union européenne, mais sans donner de chiffre. Cela assurera qu'aucun pays ne devra "payer plus ou recevoir moins" pour le reste du budget en cours, qui s'achève en 2020, a-t-elle souligné, alors que l'UE réclame une facture totale de sortie comprise entre 60 et 100 milliards d'euros, un point de blocage dans les négociations du Brexit.

"Nous traversons une période critique" mais "quand on se rassemble, on peut aboutir à de bons résultats", a déclaré la Première ministre britannique. Elle a longuement répété que, malgré le Brexit, le Royaume-Uni ne tournerait "pas le dos" à l'UE. "La réussite de nos négociations est dans l'intérêt de tous", a-t-elle insisté, ajoutant vouloir aboutir à un avenir "meilleur" pour tous les citoyens européens.

Sur une autre question centrale, celle des droits des citoyens européens, Theresa May a voulu rassurer en affirmant que les tribunaux britanniques devraient se référer à l'accord de sortie et qu'elle voulait qu'ils "prennent en compte les jugements de la Cour de justice de l'UE" dans leurs décisions les concernant. "Je veux intégrer notre accord de sortie de l'UE dans la loi britannique et m'assurer que les tribunaux britanniques s'y réfèrent directement et puissent se référer aux jugements de la Cour européenne de justice", a-t-elle dit, alors qu'une cinquantaine de personnes, dont des Britanniques, s'étaient rassemblées à Florence pour manifester, réclamant des garanties sur les futurs droits.

Macron relève "des avancées"

Emmanuel Macron a déclaré vendredi avoir relevé des "avancées" et des "ouvertures" dans le discours de la Première ministre britannique Theresa May, avant de cependant préciser laisser "l'exclusivité" des réactions au négociateur en chef de l'Union européenne sur le Brexit, Michel Barnier.

Ce dernier avait salué un peu plus tôt "l'esprit constructif" du discours sur le Brexit prononcé par la Première ministre britannique Theresa May à Florence. "Il traduit une volonté de progresser alors même que le temps passe", a-t-il poursuivi. L'UE attend cependant de la part des négociateurs britanniques des détails sur "les implications concrètes" de ce discours, a-t-il ajouté. Celui-ci "doit se traduire dans des positions de négociations pour faire de véritables progrès", a ainsi résumé Michel Barnier sur le réseau social Twitter.

Un pas en avant sur les droits des citoyens

Sur la protection du droit des citoyens, Michel Barnier a relevé que les déclarations de Theresa May "marquent un pas en avant, mais doivent maintenant être confirmées par des positions de négociation précises du gouvernement britannique".

"Le Royaume-Uni reconnaît aussi qu'aucun pays européen ne devrait payer plus ou recevoir moins en raison du Brexit. Nous sommes prêts à discuter des implications concrètes de cet engagement", a encore observé Michel Barnier, revenant sur les déclarations de Mme May concernant le "solde des comptes" entre l'UE et le Royaume-Uni. "Nous devons vérifier si cette assurance couvre tous les engagements pris par le Royaume-Uni en tant qu'État membre de l'Union", a-t-il insisté.

Deux ans de transition? Pourquoi pas

Le Français a en outre souligné que la Première ministre n'avait pas apporté de clarifications sur la façon dont le Royaume-Uni entendait s'engager pour garantir les accords de paix en Irlande, autre priorité des Européens. Enfin Michel Barnier a indiqué que "si l'Union européenne le souhaite", s'agissant de la période de transition de deux ans proposée par Theresa May durant laquelle le gouvernement britannique souhaite continuer d'avoir accès au marché unique, "cette nouvelle demande pourra être prise en compte et examinée".

Fidèle à une ligne établie dès le début du mandat des négociateurs européens, Michel Barnier a encore précisé que l'UE "continuera d'insister sur le progrès suffisant sur les principaux sujets d'un retrait ordonné du Royaume-Uni avant d'ouvrir les discussions sur la future relation", alors que Mme May a longuement évoqué vendredi ce que pourrait être ce futur partenariat.

N.G. avec AFP