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Brexit : Theresa May va à Canossa

La première ministre britannique Theresa May à la Chambre des Communes le 3 avril 2019.

La première ministre britannique Theresa May à la Chambre des Communes le 3 avril 2019. - MARK DUFFY / AFP / UK PARLIAMENT

La Première ministre britannique a écrit au président du Conseil européen Donald Tusk pour demander un report du Brexit jusqu’au 30 juin et accepte donc le principe, explosif, de la tenue d'élections européennes au Royaume-Uni.

Theresa May continue son chemin de croix. Ayant échoué, par trois fois, à faire ratifier le plan de retrait négocié avec Bruxelles et voulant éviter une sortie sans accord, jugée catastrophique pour l’économie britannique, la Première ministre a écrit ce vendredi au Président du Conseil européen Donald Tusk pour lui demander une extension de l’article 50 du Traité de Lisbonne. En clair : un nouveau report du Brexit, jusqu’au « 30 juin 2019 au plus tard ».

Élections européennes

Or, tout nouveau report implique, conformément à la décision du dernier Conseil européen, que le Royaume-Uni participe aux élections européennes du 23 mai prochain. « Le gouvernement va donc entamer les préparatifs légaux de cette éventualité » annonce la Première ministre.
C'est une nouvelle volte-face explosive que vient de réaliser Theresa May. La Première ministre a toujours déclaré vouloir éviter ce scénario, jugé « inacceptable », alors que les Britanniques ont voté pour sortir de l'UE lors du référendum de juin 2016.

Parallèlement, la cheffe du gouvernement poursuit ses négociations avec le leader de l’opposition travailliste et espère parvenir à un accord « qui permette au Royaume-Uni de se retirer de l'Union européenne avant le 23 mai 2019 et ainsi annuler (la participation aux) élections européennes ». Mais le Royaume-Uni « continuera les préparatifs pour la tenue de ces élections si cela n'est pas possible » précise-t-elle.

« Flextension »

Comment cette demande de nouveau report va être reçue par l’Union européenne ? Les 27 dirigeants se retrouveront justement mercredi 10 à Bruxelles pour discuter de la suite du processus. Les débats risquent d’être animés, entre ceux qui voudront montrer une certaine souplesse à l'égard du Royaume-Uni et les tenants d'un discours plus ferme.

La France peut d'ores et déjà se ranger dans cette dernière catégorie : L'Élysée juge en effet « un peu prématurée » une demande de report, « alors que les 27 ont posé comme condition claire que cette demande soit justifiée par un plan clair ».

En attendant, le président du Conseil européen Donald Tusk a proposé ce vendredi un « report flexible » pouvant aller jusqu’à 12 mois. Cette « flextension » permettrait au Royaume-Uni de quitter l’UE dès qu’un accord, quel qu’il soit, est ratifié par la Chambre des Communes.

Tactique

En demandant un report court du Brexit, Theresa May envoie surtout un message aux eurosceptiques du Parti conservateur qui souhaitent quitter l'UE le plus vite possible. Mais la Première ministre sait que l'UE peut difficilement le lui accorder et qu'elle sera probablement obligée d'accepter un report plus long.

Mais cette tactique ne lui a pas épargné les foudres de certains députés europhobes, à l'instar de Jacob Rees-Mogg qui a invité les futurs députés européens britanniques à se montrer aussi « difficiles que possible », leur suggérant de « mettre leur veto à toute augmentation de budget, s'opposer à la supposée armée européenne et bloquer les projets intégrationnistes de M. Macron ».
Londres n’a pas fini de mettre la patience et les nerfs de ses partenaires européens à dure épreuve.