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Brexit: un rapport officiel prédit de dures années pour les Britanniques

Selon une note interne au gouvernement britannique, le Royaume-Uni verra sa croissance chuter, quel que soit l'accord conclu avec l'Union européenne à l'issue des négociations sur le Brexit.

C’est un rapport qui tombe mal. Censée être confidentielle, une note évaluant l’impact économique du Brexit pour le Royaume-Uni a été dévoilée par BuzzFeed lundi, alors que les négociations entre les dirigeants britanniques et l’Union européenne sur leurs relations commerciales futures sont loin d'être terminées.

Plutôt inquiétantes, les conclusions de cette étude rédigée en janvier font beaucoup de bruit outre-Manche. Et pour cause, selon ce rapport interne, qui envisage plusieurs scénarios, l'économie britannique souffrira après la sortie de l'UE, prévue le 29 mars 2019, quel que soit le type d'accord conclu à l'issue des négociations.

Trois scénarios sont envisagés par les auteurs de l'étude. Le premier évoque un accord de libre-échange complet avec l'UE qui aurait pour résultat une baisse de 5 points de la croissance du Royaume-Uni au cours des quinze prochaines années. Le second est celui d'une absence total d'accord. Les Britanniques reviendraient alors aux règles de l'Organisation mondiale du commerce et verraient leur croissance ralentir de 8 points sur cette même période. Enfin, le maintien de l’accès au marché commun serait l’option la plus "intéressante" puisqu'elle provoquerait une baisse de 2% du PIB.

Accords avec des pays tiers

L'étude prédit en outre la conclusion de nouveaux accords avec des pays tiers, non membres de l'UE. Problème, ceux-ci ne sauraient compenser les effets du Brexit. Un accord avec les États-Unis -le plus probable- ne pourrait faire gagner que 0,4% de croissance à long terme. Des accords avec d'autres puissances telles que la Chine, l'Inde, l'Australie ou les pays d'Asie du Sud-Est seraient pour leur part à l'origine d'une augmentation du PIB de 0,1 à 0,4% à long terme.

Pire encore, la grande majorité des secteurs de l'économie seraient négativement impactés par le Brexit. À commencer par les secteurs financiers, la chimie, l'habillement, l'agroalimentaire, l'automobile et la distribution. Seule l'agriculture devrait être épargnée. L'ensemble des régions du Royaume-Uni pâtiraient également d'une sortie de l'UE selon les auteurs du rapport qui s'inquiètent de voir Londres perdre son statut de centre financier.

"Travail initial"

Cette étude devait être présentée aux ministres cette semaine pour préparer les discussions du sous-comité du Brexit qui doit se tenir la semaine prochaine. Interrogé par BuzzFeed sur la raison pour laquelle le gouvernement britannique ne souhaitait pas rendre les conclusions du rapport publiques, une source du DExEU (Département pour la sortie de l'Union européenne) a déclaré que c'est "parce qu'elles sont embarrassantes".

Reste qu'après cette publication, le gouvernement de Theresa May se retrouve un peu plus fragilisé pour négocier les conditions du Brexit. Ce mardi, il a tout de même tenté d'éteindre l'incendie en indiquant qu'il s'agissait seulement d'un "travail initial" qui n'étudiait pas les conséquences en cas d'"accord sur-mesure".

P.L