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Bruxelles prête à assouplir la pression sur le Portugal

Le Commission européenne est prête à aller jusqu'en 2015 pour laisser au Portugal le temps de recadrer son déficit

Le Commission européenne est prête à aller jusqu'en 2015 pour laisser au Portugal le temps de recadrer son déficit - -

La Commission européenne, par la voix de son président, José Manuel Barroso, a indiqué, samedi 9 mars, être prête à accorder un délai d’un an à Lisbonne pour respecter ses objectifs. Au contraire de l'Irlande, le pays s’est enfoncé dans la récession.

Pour la deuxième fois en six mois, Lisbonne va bénéficier de la clémence bruxelloise. Le Portugal va, en effet, bénéficier d’un an supplémentaire pour tenir ses objectifs budgétaire. C’est ce qu’a indiqué, samedi 9 mars, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.

"Je confirme que la Commission va proposer au Conseil que le délai pour la correction du déficit excessif soit étendu jusqu'en 2015", a confié l'ancien Premier ministre portugais à l'hebdomadaire Expresso.

Jusqu’ici, la trajectoire budgétaire imposée par Bruxelles à Lisbonne demandait de ramener le déficit public à 4,5% du PIB en 2013 et 2,5% en 2014. Ce cadrage était le fruit d’un premier délai accordé au Portugal, en septembre.

Mais, entre-temps, la Commission et le gouvernement portugais se sont rendus compte que de tels objectifs risquaient d’étouffer davantage le pays. La Commission a ainsi, dans ses prévisions économiques publiées le 22 février dernier, estimé que le Portugal ne pouvait les tenir, tablant sur un déficit de 4,9% en 2013 et 2,9% en 2014.

Aménagements de l'aide internationale

Outre ce délai, le Portugal va bénéficier de conditions plus clémentes sur les prêts qui lui ont été accordés dans le cadre de l’aide internationale pilotée par l’Europe et le FMI. En clair, leur durée devrait être rallongée. Une décision plus précise sera prise en avril à ce sujet.

Le Portugal n’est pas le seul à bénéficier de ces aménagements, puisque l’Irlande va obtenir les mêmes faveurs concernant son plan d’aide. Seulement, les situations des deux pays, tous deux sous assistance financière internationale, restent diamétralement opposées.

Si le Portugal doit demander un délai pour tenir les objectifs imposés par Bruxelles, Dublin les a plusieurs fois dépassés. En 2012, l'Irlande a ainsi réussi à ramener à 7,7% du PIB son déficit public quand la Commission européenne lui demandait d’arriver à 8,6%. Pour 2013, il vise un déficit inférieur à 7,5%. Bruxelles y croît, misant sur un chiffre de 7,3%.

L'Irlande "a été extraordinaire"

"Ce qui a été accompli est énorme (...) Le montant de la réduction du déficit et la détermination dans la mise en oeuvre du programme a été extraordinaire", a ainsi souligné la directrice du FMI Christine Lagarde, vendredi 8 mars, en visite à Dublin.

Sur le volet croissance, là aussi les deux pays sous assistance financière sont aux antipodes. L’Irlande devrait connaître une reprise soutenue (1,1% en 2013, et le double, en 2014, selon les prévisions de Bruxelles) quand le Portugal s’enfonce dans la spirale de la récession.

A l’inverse, les efforts consentis par Lisbonne pour respecter le cadrage imposé par Bruxelles s’est fortement répercuté sur l’économie, avec un recul de 3,2% du PIB en 2012, encore confirmé par une seconde estimation, publiée ce lundi 11 mars, et un chômage qui dépasse les 17%.

Julien Marion avec AFP