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Bruxelles s'inquiète du projet européen de Paris et Berlin

Olli Rehn, lors d'une conférence à Munich en 2011

Olli Rehn, lors d'une conférence à Munich en 2011 - -

Le commissaire européen aux affaires économiques Olli Rehn a exprimé sa plus vive inquiétude, ce vendredi 7 juin, au sujet d'une présidence de l'Eurogroupe à temps plein souhaitée par la France et l'Allemagne.

Olli Rehn, ne mâche pas ses mots. Dans un discours prononcé ce vendredi 7 juin à Helsinki, le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires s'est inquiété de "de quelques propositions présentées quant à la gouvernance économique [de la zone euro]. Sur plusieurs aspects, ils [la France et l'Allemagne] ont l'air de proposer que la roue soit réinventée".

Le 30 mai dernier, François Hollande avait annoncé après une réunion avec la chancelière Angela Merkel que la France et l'Allemagne s'était mis d'accord pour un président de l'Eurogroupe "à temps plein" et avec des "moyens renforcés".

Pour Olli Rehn, qui n'a pas précisé à quelles initiatives il s'opposait exactement, les plans de la France et de l'Allemagne compromettraient le fonctionnement actuel, basé sur le pouvoir de proposition et de recommandation de la Commission. Or le Finlandais voit dans ce mécanisme "la méthode qui rend l'Union européenne efficace".

Une première critique sur Hollande

"L'intergouvernementalisme est souvent appelé pragmatisme, mais comment peut-on considérer comme pragmatique quelque chose qui ne marche pas ou ne donne pas de résultats?", s'est-il demandé.

Olli Rehn avait déjà critiqué une semaine auparavant François Hollande, estimant qu'il y avait un paradoxe entre la volonté du président français de créer un gouvernement économique européen et son interprétation selon laquelle "la Commission n'a pas à nous dicter ce que nous avons à faire".

Une critique vis-à-vis du FMI

Le commissaire européen a également a également taclé le FMI, durant son discours.

"J'ai travaillé pendant longtemps avec les Etats-Unis dans les Balkans pour stabiliser la région. Nous disions tous [...]: nous sommes allés là-bas ensemble, nous en repartons ensemble. C'était une manière juste de faire, un vrai partenariat", a-t-il déclaré.

"Et je ne pense pas que ce soit juste et équitable que le FMI essaie de s'en laver les mains et passe le sale boulot aux Européens", a-t-il poursuivi.

Olli Rehn réagissait à un rapport publié mercredi par le FMI, relevant que son "expérience" dans l'aide aux pays en difficulté et sa "capacité à évoluer rapidement pour formuler des recommandations" étaient "des compétences dont les institutions européennes manquaient".

J.M. avec AFP