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Bruxelles va "approfondir" son enquête sur le rachat des Chantiers de l'Atlantique par Fincantieri

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- - PAUL FAITH / AFP

La Commission est préoccupée par la concentration du secteur qui va passer de trois à deux acteurs européens. Une enquête approfondie va être ouverte.

Le rachat des Chantiers de l'Atlantique (ex STX France) par le groupe italien Fincantieri risque de prendre encore plus de temps que prévu. Selon Reuters, qui cite des sources proches du dossier, la Commission européenne devrait formaliser ce mercredi l'ouverture d'une "enquête approfondie" sur cette opération après une enquête préliminaire ouverte en janvier dernier.

Les commissaires à la concurrence seraient préoccupés par le risque de voir passer de trois à deux le nombre d'acteurs européens dans le secteur de la construction navale.

Rappelons que l'enquête préliminaire n'a pas été initiée par Bruxelles mais par une requête des autorités de la Concurrence de la France et de l'Allemagne, qui ont décidé de saisir la Commission, estimant que cette opération menacerait d'affecter de façon importante la concurrence dans leurs pays respectifs.

Un feuilleton qui dure depuis 2016

L'exécutif européen expliquait alors que "ce projet n'atteint pas les seuils de chiffre d'affaires fixés par le règlement de l'UE" pour les opérations devant être notifiées à Bruxelles. Mais "sur la base des éléments fournis par ces deux pays" et sans préjuger "de l'issue de son enquête exhaustive", la Commission considère que "l'opération pourrait nuire de manière significative à la concurrence en matière de construction navale, en particulier sur le marché mondial des bateaux de croisière", expliquait la Commission.

La reprise des Chantiers de l'Atlantique par le groupe italien avait été annoncée en septembre 2017. L'accord conclu alors prévoyait que le groupe transalpin détiendrait 50% du capital, plus 1% supplémentaire prêté par l'Etat français.

Ce feuilleton avait commencé en 2016 lorsque STX France, alors seule unité rentable de STX Offshore & Shipbuilding, avait été mis en vente pour cause de redressement judiciaire.

Revirement du gouvernement français

Fincantieri, contrôlé par l'Etat italien et seul candidat à la reprise, avait alors obtenu le feu vert du gouvernement de François Hollande. Mais Emmanuel Macron, fraîchement élu président de la République, avait demandé en mai 2017 à revoir la participation française à la hausse, visant une répartition à parts égales.

Cette proposition avait été rejetée par Rome - les Italiens insistant pour détenir 51% du capital et le contrôle du conseil d'administration -, avant que les deux pays ne trouvent un compromis en septembre 2017.

Olivier Chicheportiche