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Le business en Palestine, c’est possible

Jerusalem Stone  utilise l'une des principales richesses du pays : la pierre

Jerusalem Stone utilise l'une des principales richesses du pays : la pierre - -

L’occupation des territoires palestiniens revient à la Une avec les élections législatives en Israël de ce mardi. En dépit des contraintes qu’elle entraîne, certains parviennent à y monter des entreprises performantes.

Les élections législatives, qui se tiennent ce 22 janvier en Israël, devraient consacrer la victoire de la coalition de droite, dirigée par l’actuel Premier ministre Benyamin Netanyahou. L'un des enjeux majeurs du scrutin est la question des territoires palestiniens, dont certains sont occupés par Israël. Le pays contrôle les frontières, gère l'accès à l'eau et à l'électricité. Dans ce contexte, il n’est pas aisé de réussir en affaires. Mais certains y parviennent pourtant.

C’est le cas pour cet entrepreneur de Bethléem. A quelques kilomètres de la ville biblique, il a monté il y a une dizaine d'années une entreprise de pierre taillée, Jerusalem Stone, qui utilise l'une des principales richesses du pays.

2,5 millions de chiffre d'affaires

L'entreprise a su se construire une réputation internationale. "En 2000, on exportait déjà vers les Etats-Unis, et à partir de 2006, nous avons commencé à exporter vers les pays du Golfe", se félicite Suhail Thalghieh, son fondateur. Aujourd’hui, la société réalise 2,5 millions de chiffre d'affaires.

La "pierre de Jérusalem" ressemble à du marbre. Découpée en grandes dalles, elle permet de fabriquer des maisons. En mosaïques, elle est utilisée pour la décoration de salles de bain. Elle peut aussi être gravée de détails, de motifs architecturaux, avec du matériel de haute technologie. Un investissement lourd, mais qui permet de se distinguer des concurrents, explique Suhail Thalghieh.

Pour faire fonctionner les machines, l'usine a besoin d'une grande quantité d'eau. Une station de pompage se trouve à seulement quelques centaines de mètres. Mais parcourir cette distance est loin d'être simple. "Nous avons de l'eau sur le territoire palestinien", souligne le fondateur de Jerusalem Stone. Mais elle est "contrôlée par les Israéliens, qui prennent une marge et nous la revendent", ajoute-t-il.

Des marchandises bloquées à la frontière

Autre difficulté, le passage de la frontière. Il dépend du bon vouloir des soldats du check point, qui renvoient les caisses de marchandises "s'ils ne les aiment pas", s’indigne l’entrepreneur palestinien. Plus pénalisant, parfois, "ils n'ont pas le temps de s'occuper de tout le monde", donc ils font attendre les transporteurs de Jerusalem Stone "un ou deux jours, avant de pouvoir franchir la frontière".

D’ailleurs, quand les clients apprennent que l'usine est située en Cisjordanie, il faut souvent les rassurer. D’après Suhail Thalghieh, ils s’inquiètent notamment de la capacité de l’entreprise à exporter depuis les territoires palestiniens, de la tenue des délais et de l'ampleur des commandes qu'elle est en mesure de gérer.

Malgré ces contraintes, il n'a jamais songé à renoncer. Dans ses bureaux du centre de Bethléem, il montre avec fierté quelques-unes de ses plus belles réalisations, comme la maison de Whitney Houston aux Etats-Unis. Il a conscience d'être deux fois plus cher que ses concurrents chinois et turcs. Mais comme il le dit lui-même : "si vous cherchez la qualité, vous ne comparez pas les prix".

Dorothée Balsan et envoyée spéciale à Bethléem