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Carlos Ghosn reste aux arrêts, Nissan également dans le viseur

Si la procédure contre Carlos Ghosn est étendue, la justice japonaise met désormais explicitement en cause Nissan en tant que personne morale dans le dossier.

Si la procédure contre Carlos Ghosn est étendue, la justice japonaise met désormais explicitement en cause Nissan en tant que personne morale dans le dossier. - JIJI PRESS / AFP

Mis en examen pour dissimulation de salaire, Carlos Ghosn est maintenu en détention. L'enquête s'étend, et vise désormais Nissan.

La justice japonaise a donc tranché. Carlos Ghosn reste aux arrêts, inculpé pour avoir dissimulé une partie de ses revenus au fisc de 2010 à 2015. L'ancien président du directoire de Nissan va donc rester en détention, alors que le parquet de Tokyo a décidé d'élargir l'enquête à l'examen de ses déclaration pour la période 2015-2018.

Mais surtout, la justice a décidé d'inculper également Nissan en tant que personne morale, puisque les déclarations de salaires sont émises par l'employeur. Le parquet de Tokyo estime donc que l'entreprise est aussi responsable de ces déclarations présumées fausses, en les ayant transmises en l'état, notamment aux autorités boursières. Et pour cela, Nissan encourt une amende de près de 5,5 millions d'euros pour faux et usage de faux.

Nissan mis en cause

Des soupçons que Nissan ne dément pas. Dans un communiqué officiel, l'entreprise affirme qu' « effectuer de fausses déclarations dans les avis boursiers annuels nuit grandement à l'intégrité des déclarations publiques de Nissan auprès des marchés. L'entreprise exprime ses plus profonds regrets ». 

Le constructeur, qui pour l'instant ne confirme pas si un ou plusieurs autres responsables-clés ont eu connaissance de ces pratiques, se contente d'affirmer que cette décision de justice « renforce la nécessité d'améliorer sa gouvernance ».

Duel au sommet ?

Si l'extension de la procédure à l'encontre de Carlos Ghosn (et de son adjoint Greg Kelly) ne constitue pas une surprise, la mise en cause de Nissan en revanche est un tournant important du dossier. La justice japonaise tentant de comprendre pourquoi cette manipulation comptable a pu être réalisée sans que personne d'autre de chez Nissan ne soit au courant, ce que sous-entendait d'une certaine manière son PDG, Hiroto Saikawa.

Certains observateurs japonais jugent que c'est désormais lui qui est au centre de l'affaire, tant ses accusations ont été implacables à l'encontre du tandem Ghosn-Kelly. La plupart des révélations concernant ces manipulations comptables, ainsi que des abus de bien sociaux supposés (sur lesquels la justice ne s'est pour l'instant pas prononcée), étant le fait de l'enquête interne chez Nissan qu'il a lui-même rendue publique. 

Si il est établi que d'autres responsables de Nissan étaient au courant de ces pratiques, sa légitimité en tant que PDG de Nissan risque d'être sérieusement mise à mal, estiment les spécialistes japonais. 

L'affaire semble donc tourner au duel d'hommes, et semble accréditer la thèse d'un affrontement qui allait s'ouvrir tôt ou tard entre Saikawa et Ghosn. Le Wall Street Journal a révélé ce week-end que Carlos Ghosn aurait eu l'intention de démettre le PDG de Nissan de ses fonctions, pour cause de « désaccords dans le processus décisionnel ». Intention dont il aurait fait part à ses proches... juste avant d'être arrêté il y a 3 semaines.