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Cette entreprise fait face à 69.000 plaintes pour harcèlement sexuel

Les deux chaines de bijouterie Kay Jewelers et Jared The Galleria of Jewelry comptent quelque 1.500 points de ventes aux États-Unis.

Les deux chaines de bijouterie Kay Jewelers et Jared The Galleria of Jewelry comptent quelque 1.500 points de ventes aux États-Unis. - Mike Mozart - Flickr - CC

Des dizaines de milliers d'employées et ex-employées de deux chaînes de bijouterie américaines appartenant au groupe Sterling évoquent un système généralisé, impliquant les plus hauts échelons de la hiérarchie.

L'histoire est tristement banale mais son ampleur reste inédite. Deux chaines de bijouteries américaines appartenant au même groupe sont visées par une action de groupe pour harcèlement sexuel. Entre ex-employées et salariées encore en poste, le nombre total de plaignantes s'élève à 69.000 personnes.

La première plainte a été déposée en 2008 par une poignée de femmes. Mais de nombreux cas se sont peu à peu ajoutés. Lundi, le Washington Post révélait qu'environ 250 autres employées accusaient leurs supérieurs hiérarchiques de harcèlement sexuel en échange de la garantie d'un emploi ou d'une promotion. Le nombre de plaignantes frôle désormais les 70.000, pour des faits intervenus depuis la fin des années 90 jusqu'aux années 2000.

Des "fêtes du sexe" en guise de séminaire

Ces femmes travaillaient pour les chaînes américaines Kay Jewelers, qui se présente sur sa page Facebook comme le premier vendeur de bijoux en Amérique, et Jared, The Galleria of Jewelry. Ces deux marques appartiennent au groupe Sterling, et comptent à elles-deux 1.500 magasins à travers les États-Unis, notamment dans les centres commerciaux.

Selon les plaintes, même les plus hauts dirigeants de la société, dont le PDG, auraient contribué à créer ce climat de harcèlement sexuel, affirme le Washington Post dans son édition de lundi. Selon un document datant de 2013, Mark Light, devenu directeur général de Sterling, est accusé d'avoir eu des relations sexuelles avec des employées et d'avoir, en échange, favorisé leur promotion.

Les accusations les plus graves portent sur les séminaires qui étaient organisés tous les ans. Ils sont décrits comme des "fêtes du sexe" au cours desquelles les femmes faisaient l'objet d'attouchements et de harcèlements.

Un rapport sexuel en échange d'une mutation 

Une femme décrit ainsi comment en 2005 son manager lui avait dit qu'elle serait mutée dans un meilleur magasin en échange d'un rapport sexuel. Elle avait alors accepté. "En regardant en arrière, je n'arrive pas à croire que j'ai fait ça", a déclaré Heather Ballou, 41 ans: "Tu fais ce qu'il faut pour ta famille, tu as besoin de ce travail", a-t-elle expliqué. Beaucoup de femmes qui avaient osé faire part de ces cas d'abus sexuels sur une ligne d'assistance téléphonique interne avaient été par la suite licenciées, selon le Post.

Les plaignantes accusent également le groupe de discrimination: les meilleurs postes seraient réservés aux hommes et les femmes seraient moins bien payées, à poste équivalent. Le groupe Sterling réfute toutes ces accusations. Les sites internet des deux marques étaient inaccessibles ce mardi.

Cette affaire n'est pas pour autant, la plus grosse class action de l'histoire américaine. La palme en la matière est détenue par le distributeur WalMart, accusé par quelque 1,5 million de salariées de discrimination salariale. Mais la Cour suprême des États-Unis avait finalement jugé la plainte irrecevable en 2011.

Nina Godart avec AFP