BFM Business
International

Chine : cette mouvance étudiante marxiste qui dérange

Le président chinois Xi Jinping n'a pas peur d'une guerre commerciale

Le président chinois Xi Jinping n'a pas peur d'une guerre commerciale - LUDOVIC MARIN / POOL / AFP

Le parti communiste chinois combat cette mobilisation dans les facultés d’élite.

Ils sont jeunes et, pour eux, la célébration officielle des 200 ans de la naissance de Karl Marx a un sens tout à fait contemporain : ils réclament le retour à l’essence de l’idéologie. Une militante à Beidan, prestigieuse université de la capitale, a appelé l’administration de l’établissement à faire la transparence sur le viol d’un étudiante (la victime s’est suicidée). A l’appui de sa revendication, la militante a cité un discours du président Xi Jinping, il y a six mois : « Promouvoir sans cesse une sinisation et la modernisation du marxisme est tout à fait correct ». Citation qu’elle a inscrite au tableau de son dortoir. Cette nouvelle génération de communistes ne conçoit pas la carte d’adhésion au parti comme un viatique utile à une ascension sociale.

Depuis la fin octobre, le PKUSMA, l’association des étudiants marxistes de l’Université de Pékin, organise des courses nocturnes de mobilisation, autour de la piste d’athlétisme du campus. Certains les appellent les coureurs rouges, suscitant parfois les railleries. Le site Supchina rapporte que les séances s’achèvent invariablement par un cri collectif : « Notre sang bouillant peut faire fondre le froid glacial de l’hiver ! ».

« Pensées extrêmes »

A la rentrée, le PKUSMA n’a pas été autorisé à intégrer le registre des associations de Beidan… Et les autorités ont commencé à le leur faire comprendre. A Nankin, un autre groupe d’étudiants marxistes a affirmé avoir subi des agressions et des arrestations pour avoir, en raison d’un refus de même nature, manifesté dans les locaux universitaires.

Dans une autre grande université, Renmin, c’est une liste noire qui a été dressée avec les membres militant pour la défense des travailleurs. L’un d’eux, suspendu par son Ecole d’économie, revendique son origine sociale très modeste et invoque ce « peuple » dont le nom est inscrit au fronton de la faculté. Un quotidien de Hong Kong, le South China Morning Post, raconte aussi comment un étudiant, après un mois et demi de privation de liberté, a été contraint d’admettre des « pensées extrêmes ».

Activisme dangereux

On peut penser que cet activisme se revendiquant du marxisme est redouté parce qu’il ose s’appuyer sur le cadre théorique du système afin de le confronter à ses propres travers. A Renmin, dans un rapport sur les membres de l’association que reproduit le China Digital Times, il est procédé à une analyse de certains profils incriminés : « Leur mauvais environnement familial leur a fait voir la face obscure de la société (…).

Puis, ils étudient Marx et Engels… Le parti doit donc renforcer ses propres théories ». Un professeur chinois, connaisseur émérite du maoïsme, juge que le fait que ces groupements marxistes se refusent à être absorbés représente, pour le pouvoir, le danger. L’un de ses collègues, Britannique, pense dès lors que l’Etat entend mettre fin à ce militantisme gauchiste non parce qu’il se réfère aux œuvres originales du théoricien du socialisme, mais parce qu’il est civil.