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Le chômage espagnol recule encore

L'Espagne a procédé à une dévaluation interne pour tenter de redresser sa compétitivité.

L'Espagne a procédé à une dévaluation interne pour tenter de redresser sa compétitivité. - -

Le nombre de personnes sans emploi en Espagne a reculé pour le deuxième trimestre consécutif, a annoncé, ce jeudi 24 octobre, l'institut espagnol des statistiques. Les réformes mises en place par le pays semblent porter leurs fruits malgré près de 6 millions de chômeurs.

Les bonnes nouvelles s'accumulent pour l'Espagne. Mercredi 23 octobre, la Banque d'Espagne annonçait la fin de la récession pour le pays avec une croissance de 0,1% au troisième trimestre qui venait rompre une série de neufs trimestres consécutifs de récession.

Ce jeudi 24 octobre, l'éclaircie est cette fois survenue sur le front de l'emploi. Pour le deuxième trimestre consécutif, le chômage espagnol a reculé. De juillet à septembre, le taux de chômage s'est élevé à 25,98% contre 26,26% de mars à juin. Le pays compte tout de même 5,9 millions de chômeurs.

Ce redressement est, au moins en partie, dû aux efforts structurels opérés par le pays. Comme l'explique à BFM Business Thibaut Mercier, économiste chez BNP Paribas, l'Espagne "a mis en place un certain nombre de réforme pour procéder à ce que l'on appelle une dévaluation interne. Celle-ci permet à des pays d'une union monétaire de regagner en compétitivité alors que l'on ne peut dévaluer la monnaie, comme c'est le cas en zone euro".

Dévaluation interne

Il cite notamment la réforme du marché qui a favorisé "une certaine modération salariale". Comme, par ailleurs, "l'économie espagnole s'est réorientée loin de l'immobilier, il y a eu des gains de productivité.

Ces gains ont été supérieurs à la croissance des salaires. C'est typiquement ce qui génère de la compétitivité et explique pourquoi les exportations espagnoles ont bien marché", poursuit l'économiste.

Un vrai remède?

Dans une note de mars dernier, les économistes de Natixis écrivaient que "les dévaluations internes, qui étaient le remède proposé pour sortir de la crise de la zone euro, ne marchent pas, sauf en Irlande".

Le mécanisme n'est pas sans inconvénient puisque la modération salariale qu'elle implique peut entraîner une baisse de la consommation. "La rigidité des prix implique que les baisses de salaires conduisent à des baisses des salaires réels, donc au recul de la demande, et pas à une amélioration de la compétitivité-prix", détaillait Natixis.

Les dévaluations internes conduisent mécaniquement à favoriser les exportation qui représentaient 32% du PIB espagnol en 2012, contre 52% pour l'Allemagne et 27% pour la France, selon les données de la Banque mondiale.

Les prochaines statistiques espagnoles permettront de savoir si l'élan constaté ces derniers mois peut se concrétiser, et donc de voir si la dévaluation interne permet à l'économie espagnole de franchir un cap.

Julien Marion