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Christine Lagarde a raison de s'interroger sur la politique de la BCE, estime Jean-Claude Trichet

Jean-Claude Trichet

Jean-Claude Trichet - -

L'ancien président de la Banque centrale européenne accueille favorablement la volonté de la nouvelle patronne de l'institution monétaire de revoir en profondeur les actions de la BCE.

C'est aujourd'hui que Christine Lagarde, toute nouvelle présidente de la BCE (Banque centrale européenne) tient son premier discours de politique monétaire et de prévisions macro-économiques pour la zone euro.

Si l'ancienne présidente du FMI a confirmé sa volonté de poursuivre la politique accommodante de la BCE, elle estime également qu'il serait bienvenu d'engager une vaste revue d'ensemble de la politique monétaire de la banque centrale dont les fondements ont été fixés en 2003. Une revue de détails accueillie favorablement par l'un de ses prédécesseurs, Jean-Claude Trichet, président de la BCE de 2003 à 2011.

Invité sur le plateau de Good Morning Business sur BFM Business, il indique: "Ce qui est sûr, c'est qu'à un moment où un autre, il est bon de se réinterroger. (...) Les Etats-Unis viennent de lancer leur propre opération de révision de la politique monétaire. Elle était déjà pré-lancée, Christine Lagarde le confirme et il y a pas mal de choses à regarder. Non seulement la définition de la stabilité des prix, et j'espère que la stabilité des prix qui est la même au japon, aux Etats-Unis, en Angleterre et en Europe, c'est à dire que toutes ces banques centrales citent ce chiffre de 2%, donc je m'attends à ce que l'exercice se concentre sur : 'qu'est-ce qu'on fait quand on a des périodes plus ou moins longues à moins de 2%? Faut-il qu'il y ait des périodes équivalentes à plus de 2%? Comment faut-il interpréter la symétrie?' C'est ce que les Américains viennent de faire et je crois que c'est la direction normale quand on réfléchit à ça".

Des mesures non-conventionnelles permanentes?

Et de poursuivre: "il y a tout le problème des mesures non-conventionnelles: est-ce qu'elles sont permanentes, est-ce qu'elles sont transitoires, comment interpréter tout ce qui a été fait et qui est très abondant? Il y a non seulement l'assouplissement quantitatif, l'ensemble des mesures sur les taux d'intérêt négatifs. Il y a aussi le fait de donner de la liquidité sans aucune limite (...) et tout ça c'est très non-conventionnel".

Quels seraient les objectifs de cette revue de la politique monétaire? "Regardez ce qui vient de se faire aux Etats-Unis, qui se conclut par 'nous allons être plus attentifs encore qu'auparavant à être plus symétrique et avoir des périodes qui compensent les périodes de faible inflation par des périodes d'inflation plus élevées. Mais sans changer l'ancrage des anticipations d'inflation à moyen terme sur la définition qui est de 2%". Bref, plus de souplesse mais sans remettre en cause les fondations de la politique monétaire...

Olivier Chicheportiche