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Chypre : les dépôts bancaires taxés de 6,75% à 9,9%

A Chypre, les dépots bancaires vont étre taxés entre 6,75% et 9,9%.

A Chypre, les dépots bancaires vont étre taxés entre 6,75% et 9,9%. - -

Les Chypriotes ont pris d’assaut les distributeurs de billets dans l’espoir d’échapper à la nouvelle taxe exceptionnelle de 6,75% à 9,9% au-delà de 100 000 € sur l’ensemble des dépôts bancaires que leur gouvernement vient de leur imposer par surprise. Cette taxe doit rapporter 5,8 milliards d'euros.

Ponctionner les avoirs bancaires, c’est, entre autres, le remède draconien que Chypre, dans l’incapacité d’emprunter de l’argent depuis qu'il a été dégradé par les agences de notation, a été contraint d’accepter pour décrocher l’aide de l’Europe et du Fonds monétaire international (FMI). En échange d’une mesure drastique mettant en place une taxe exceptionnelle de 6,75% à 9,9% au-delà de 100 000 euros, sur l’ensemble des dépôts bancaires, le plan de sauvetage prévoit une aide de 10 milliards d'euros à Chypre. Le président chypriote, Nicos Anastasiades, a expliqué dimanche soir qu'il avait été contraint d'accepter ce plan de sauvetage négocié avec l'Eurogroupe pour éviter au pays une faillite financière. Le Parlement chypriote devrait approuver cette mesure aujourd'hui en session extraordinaire. Après l’Irlande, la Grèce, le Portugal et l’Espagne, Chypre est le cinquième pays de la zone euro à bénéficier d’un plan de sauvetage financier. Il est aussi le premier à mettre à contribution directement ses déposants.

« Mon argent je l’ai gagné, personne ne me l’a donné »

Hélène a 67 ans, elle a passé presque toute sa vie à Chypre. Aujourd'hui, elle est retraitée et reçoit 1000 euros par mois si on cumule sa petite pension et celle de son mari décédé. Elle a du mal à digérer cette nouvelle taxe sur les dépôts. « Je suis très inquiète, explique-t-elle, car si l’Europe continue comme ça, je perds tout mon fric. J’ai 67 ans, ça fait 50 ans que je travaille et mon argent, personne ne me l’a donné, je l’ai gagné. J’ai des économies mais s’ils me prennent tout … Les gens ne parlent que de ça. Tout le monde est inquiet et c’est très grave ».

« Ils faisaient confiance à des banques en faillite »

Stéphane Cossé, ancien senior economist au FMI et membre du comité d'orientation du think tank Europa Nova, comprend la colère des Chypriotes mais aussi la nécessité d’un plan d’aide aux banques que doivent soutenir en partie les citoyens du pays. « Les déposants pensaient pouvoir récupérer leurs dépôts puisqu’ils faisaient confiance à ces banques qui en réalité étaient en faillite. On dit : nous européens sommes prêts à aider Chypre. Mais cela a un coût que les Chypriotes doivent payer et l’Europe va aider sur un plan de 5 ans les banques à Chypre ».

Tugdual de Dieuleveult avec J. Droz