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Chypre: quand un pays taxe ses déposants pour éviter la faillite

Un homme retire du liquide à un distributeur autromatique chypriote le 16 mars

Un homme retire du liquide à un distributeur autromatique chypriote le 16 mars - -

Le Parlement chypriote entame dès ce lundi 18 mars l’examen du plan de sauvetage négocié avec l’Union européenne. Ce plan prévoit taxer les dépôts bancaires dans le pays. Une première qui inquiète.

C’est du jamais-vu. Dans la nuit de vendredi 15 à samedi 16 mars, le président de la République de Chypre et les représentants des créanciers du pays, le Fonds monétaire international, la Banque centrale européenne et la Commission européenne, ont mis au point le sauvetage bancaire de l’île.

La solution trouvée est sans précédent dans un pays en temps de paix : En échange de 10 milliards d’euros d’aide, il a été décidé que l’ensemble de ceux qui détiennent un compte en banque à Chypre seraient taxés, nationaux comme résidents. Cette taxe irait de 6,75% pour les dépôts de moins de 100.000 euros, à près de 10% au-delà.

Les avoirs russes en ligne de mire

Les comptes du pays ont été mis sous séquestre dès ce week-end. Jamais l’Union européenne n’avait été aussi loin. Une telle mesure s’expliquerait par la situation très particulière du système financier chypriote.

Selon certains chiffres, 45% des dépôts bancaires chypriotes appartiendraient à de gros investisseurs privés russes. Le projet de taxe sur les dépôts bancaires à Chypre ne devrait pas altérer les flux de capitaux domestiques en Russie, a déclaré de son côté, lundi 18 mars, le vice-ministre de l'Economie russe, Andrei Klepach, cité par l'agence Prime.

C’est cet argent-là que l’Europe chercherait à mettre à contribution pour sauver l’ensemble. Mais les 55% restants sont logés à la même enseigne. Et parmi eux, il y des particuliers, dont beaucoup qui ne détiennent vraiment pas grand-chose.

Risque d'un "bank run"

Le risque, à l’horizon, est celui d’un "bank run" généralisé, c’est-à-dire la saisie, par la population chypriote, de leurs comptes chez le banquier. Ce qui créerait une déstabilisation du secteur bancaire de manière générale en zone euro puisque le secteur est extrêmement interdépendant.

Si les banquiers français interrogés restent confiants quant à un impact systémique immédiat, l’impact de cette nouvelle tension sur les taux obligataires des pays du sud de l’Europe ne s’est pas fait attendre.

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Antoine Larigaudrie et BFM Business