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La BCE se prépare à une sortie de la Grèce de la zone euro

La BCE élabore des plans d'urgence pour préserver l'intégrité de la zone euro.

La BCE élabore des plans d'urgence pour préserver l'intégrité de la zone euro. - Goerges Gobet - AFP

La question du prolongement de l'aide à la Grèce est débattue ce vendredi 20 février par l'Eurogroupe. En attendant, la Banque centrale européenne envisagerait la possibilité de voir la Grèce sortir de la zone euro.

La BCE regarde tous les scénarii. La Banque centrale européenne se préparerait à une sortie de la Grèce de la zone euro. Son personnel élaborerait des plans d'urgence de façon à préserver l'intégrité de la zone euro dans cette éventualité, rapporte le magazine allemand Der Spiegel.

La BCE ferait, par ailleurs, pression pour que la Grèce introduise un contrôle des capitaux, ajoute le journal. Plus d'un milliard d'euros sortirait chaque jour du pays pour partir pour l'étranger, selon les informations de l'institution.

"Selon le FMI, une sortie de la Grèce de la zone euro serait un scénario gérable pour les pays partenaires car les Européens auraient érigé, ces dernières années, des pares-feux, pour empêcher une contagion aux autres pays", rappelle par ailleurs le célèbre titre de presse. "En revanche, pour la Grèce, un tel scénario aurait d'importantes conséquences économiques. Toujours d'après le FMI, cela coûterait bien plus cher au pays que de poursuivre la mise en oeuvre des réformes d'austérité", poursuit le journal.

La BCE s'est abstenue de tout commentaire sur cet article. L'euro a brièvement baissé contre le dollar en réaction à cette information avant de se reprendre.

Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, a immédiatement réagi dans le magazine allemand WirtschaftsWoche en affirmant qu'il n'y aura pas de sortie de la Grèce de la zone euro.

"La Grèce est dans la zone euro, la Grèce doit rester dans la zone euro et la position de la France est que tout soit fait pour que, du côté grec et du côté européen, il puisse y avoir une plus forte cohésion encore de la zone euro", a dit le
président français aux côtés de la chancelière allemande "Je ne connais pas de scénario aujourd'hui qui soit sur une sortie de la zone euro", a-t-il ajouté.

En parallèle, le début de la réunion des ministres des Finances de la zone euro sur la question de la prolongation du plan d'aide à la Grèce a été repoussé d'une heure et demie à 15h30, a annoncé sur Twitter le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem.

Un haut fonctionnaire grec a déclaré que les deux parties avaient bien progressé et qu'Athènes voulait sceller un accord, sans pour autant céder à la pression de ses partenaires de la zone euro. "Nous avons couvert les quatre cinquièmes de la distance; ils doivent aussi couvrir un cinquième", a dit le haut fonctionnaire.

Un "cheval de Troie"

La Grèce a présenté jeudi à ses homologues de la zone euro une demande officielle de prolongation de six mois de l'accord d'aide financière mais Berlin y voyait un "cheval de Troie" destiné à lui épargner de respecter ses engagements, notamment en matière de réformes, selon un document préparé en vue de la réunion.

Une expression que n'a pas reprise à son compte la chancellerie ce vendredi, adoptant un ton plus conciliant que le ministre des Finances Wolfgang Schäuble, dont elle a cependant reconnu l'"excellent travail". "La lettre du ministre des Finances grec montre clairement que la Grèce reste intéressée par un soutien de l'Union européenne", a observé Christiane Wirtz, porte-parole de la chancelière Angela Merkel. "La lettre est un bon signal qui nous autorise à poursuivre la négociation".

L'aide internationale sous supervision de la "troïka" (Union européenne, Fonds monétaire international, Banque centrale européenne) expire à la fin du mois et sans nouveaux financements la Grèce risque de se retrouver à sec d'ici la fin mars, estiment des sources bien informées.

"Le gouvernement grec a fait tout ce qu'il a pu à tous les niveaux afin de trouver une solution satisfaisante pour tous", a dit le porte-parole du gouvernement grec Gabriel Sakellaridis. "Le gouvernement grec maintiendra sa position aujourd'hui, quoique les conditions permettant enfin de déboucher sur une solution aient évolué".

D. L. avec Reuters