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Comment la Grèce a réussi à retarder ses paiements au FMI

Alexis Tsipras a obtenu un délai pour le remboursement de prêts du FMI.

Alexis Tsipras a obtenu un délai pour le remboursement de prêts du FMI. - Louisa Gouliamaki - AFP

Afin d’éviter le défaut de paiement vis-à-vis du FMI, Athènes a fait jouer une clause quasi inconnue du règlement de l’institution.

Confronté à une fronde de sa majorité et en pleine négociation avec ses créanciers, Alexis Tsipras s’est évité de nouvelles complications, en exhumant jeudi un obscur règlement du FMI qui n'avait été utilisé qu'une seule fois dans l'histoire de l'institution, il y a 30 ans.

Athènes avait en effet jusqu'à vendredi pour commencer à rembourser le Fonds monétaire international, faute de quoi le pays aurait été déclaré en retard de paiement, au risque de déclencher une imprévisible réaction en chaîne. Et ce n'était que le premier d'une série de paiements: le pays avait initialement jusqu'au 19 juin pour verser 1,6 milliard d'euros au FMI, en quatre fois. 

A court d'argent, la Grèce a donc attendu jeudi pour faire jouer une clause quasiment oubliée de tous, et pour demander le regroupement de ces quatre remboursements en un seul. Ce qui lui donne désormais jusqu'au 30 juin pour honorer ses engagements. En clair, le pays demandeur a juste à "informer" le FMI, ce qui évite de longues et difficiles tractations à un moment où le temps presse. Et épargne aussi à l'institution d'apporter sa caution à la requête grecque.

Utilisée une fois seulement, par la Zambie

Baptisée "bundling" en anglais ("empaquetage"), cette astuce mise au point dans les années 1970 n'avait jamais été pensée pour aider un pays à faire face à des problèmes de liquidités. Son but initial était en réalité de réduire les coûts pour les pays, à une époque où les virements étaient plus fastidieux et onéreux. "La décision visait à faire face aux difficultés administratives liées à de multiples paiements effectués sur une courte période", a indiqué le FMI dans un communiqué. Et jusqu'à aujourd'hui, un seul pays, la Zambie, avait usé de cette possibilité au milieu des années 1980. 

En réalité, la règle était tellement peu usitée que de hauts responsables du FMI n'en avaient tout simplement jamais entendu parler. D'où est alors venu l'idée d'y avoir recours? D'Athènes ou de Washington? La réponse ne va pas de soi. Au FMI, on assure en tout cas n'avoir fait aucune recommandation à Athènes pour éviter un défaut de paiement. Dans la matinée de jeudi, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, affirmait ainsi ne pas "être informée de ce genre de choses"... quelques minutes seulement avant que le Fonds ne prenne acte de la requête grecque.

Y.D. avec AFP