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Comment les incertitudes sur le Brexit fragilisent l’économie britannique

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- - FABRICE COFFRINI / AFP

Plusieurs indicateurs signalent que l’activité tourne au ralenti outre-Manche, augurant un net coup de frein à la croissance économique.

Les conditions de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, laquelle est prévue fin mars, restent floues : un vote crucial doit se tenir au Parlement en janvier, mais il n’est pas certain que les députés valident l’accord négocié par la Première ministre britannique Theresa May. Ces incertitudes pèsent sur l’économie britannique.

L’activité des services a encore tourné au ralenti en décembre : l’indice PMI des directeurs d’achat des entreprises du secteur a augmenté à 51,2 point, selon Markit, ce qui est mieux que les 50,4 points enregistrés en novembre, mais qui reste faible. Selon cet indicateur, l’activité progresse lorsque l’indice est supérieur à 50 points et elle se contracte quand il est inférieur à ce seuil.

Markit explique que les conditions de marché restent moroses pour le puissant secteur des services qui représente la grande majorité de l’activité britannique, loin devant l’industrie et la construction.

Le fait que l’activité soit faible a même conduit à des créations d’emplois au plus bas depuis juillet 2016. Les entreprises interrogées évoquent les inquiétudes du Brexit pour expliquer cette mauvaise performance, signe que les milieux d’affaires sont prudents avant de lancer de nouveaux projets d’investissements.

L’industrie aussi est à la peine. Une enquête publiée jeudi 3 janvier par les chambres de commerce britanniques, et réalisée auprès de 6.000 entreprises, fait état d’importantes difficultés à trouver une main-d’œuvre qualifiée, qui seraient « sans précédent depuis 1989 pour l’industrie ». 81% des entreprises industrielles interrogées ont éprouvé des difficultés à trouver des employés durant le dernier trimestre de 2018.

Forte baisse de l’investissement des entreprises

Et ce que les chambres de commerce britanniques pointent du doigt comme étant la cause de cette pénurie est le Brexit, ainsi que les incertitudes liées aux restrictions qui interviendront pour les salariés ressortissants européens. Selon les prévisions du gouvernement britannique, les mesures proposées à la mi-décembre, dont un seuil salarial minimal de 30.000 livres par an qui ne sera appliqué qu’aux travailleurs européens qualifiés, pourraient provoquer une réduction de 80% de l’afflux de travailleurs européens.

La croissance du PIB britannique s’est élevée à 0,6% au troisième trimestre par rapport aux trois mois précédents, selon l'Office national de la statistique (ONS), un taux le plus élevé depuis la fin 2016, porté par la consommation des ménages dopées par la Coupe du monde de football et la canicule. L'ONS observe que les dépenses des ménages britanniques ont dépassé leurs revenus au troisième trimestre pour le huitième mois d'affilée, ce qui soulève des interrogations sur leur capacité à continuer de consommer et donc à soutenir l'expansion économique.

A plus long terme, les perspectives restent moroses car l'investissement des entreprises a encore diminué au troisième trimestre, pour la troisième fois d'affilée. Il faut remontée à 2009, au cœur de la crise financière et économique mondiale, pour retrouver trois trimestres consécutifs de baisse de l'investissement des entreprises britanniques. L'ONS a annoncé que la production industrielle avait baissé de 0,6% en octobre, son recul le plus marqué depuis mai. Par rapport à octobre 2017, elle a fléchi de 0,8%, un pourcentage inédit depuis mars 2016. 

Emilie LEVEQUE