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Commerce international : «un repli plus grave pour les Européens»

Tandis que la Banque centrale européenne s’apprête à réunir son comité de politique monétaire, les investisseurs anticipent un discours plus accommodant. Un assouplissement que Jean-Claude Trichet, ancien président de la BCE, ne prévoit pas forcément.

Sur le volet de la croissance mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) a une nouvelle fois revu ses prévisions à la baisse avec une croissance portée à 3,2% en 2019 et 3,5% pour 2020. Soit une correction de 0,1 point par rapport aux précédentes estimations. Pour Jean-Claude Trichet, « cela montre en effet que nous sommes dans une phase de ralentissement. 0,1 point, ce n’est pas considérable, mais c’est tout de même une révision en baisse ».

Vigilance de mise

Le fait est que l’ex-président de la BCE s’inquiète d’avantage d’un autre résultat. « Il y a une autre révision en baisse sur laquelle je voudrais appeler votre attention, parce qu’elle est assez spectaculaire. C’est le commerce international. Le commerce international est révisé en baisse non pas de 0,1 mais de 0,9. Donc c’est un très gros ralentissement. Donc 2,5% au lieu de 3,4% auparavant anticipé. Donc c’est un très gros ralentissement. Un ralentissement qui montre, en effet, que toutes ces incertitudes sur le commerce international, les conflits qu’il peut y avoir entre les Etats-Unis et la Chine et aussi beaucoup d’autres conflits potentiels ont une incidence assez considérable et accompagnent un mouvement de repli qui, pour nous Européens, est encore plus grave que pour les Américains parce que nous sommes plus dépendants du commerce international et beaucoup plus dépendant des chaines de valeurs mondiales que ne le sont les Etats-Unis eux-mêmes ».

La faute aux Etats ?

Pour les FMI, ce ralentissement est lié à la guerre commerciale, mais également au Brexit ainsi qu’aux tensions géopolitiques. Des facteurs très politiques que Jean-Claude Trichet considère comme étant « réalistes ». Et de poursuivre : « Ce sont les Etats eux-mêmes, les exécutifs eux-mêmes, ou les parlements le cas échéant qui créent une partie du problème ». Mais l‘ancien président de la BCE le sait.

D’autres éléments doivent aussi être pris en considération. A commencer, dit-il, par « la montée en puissance fulgurante d’un certain nombre de pays émergents qui créent des conditions plus difficiles pour les pays avancés ».

La science et la technologie ne sont, selon lui, pas étrangères à ce repli. Pourquoi ? Parce qu’elles constituent également « un élément de restructuration, de modification de l’ensemble du système productif. Mais il est vrai qu’au final, nous aurions moins de problèmes, s’il y avait moins d’erreurs faites par les gouvernements ».