BFM Business
International

Commerce mondial : la Coface s’inquiète et dégrade l’Allemagne

-

- - AFP

Pour l’assureur-crédit, les tensions entre les Etats-Unis et la Chine pèseront sur la croissance mais certains pays sont plus exposés que les autres, notamment en Europe.

Toujours très écoutée, la Coface se montre pessimiste sur la croissance mondiale dans sa dernière note d’évaluation des risques. Comme la plupart des observateurs, l’assureur-crédit pointe la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine qui plombe la croissance et donc l’activité des entreprises.

La prévision est sans ambiguïtés : « l’indice Coface de risque politique reste à un niveau historiquement élevé. Dans ce contexte, Coface prévoit que plus de deux tiers des pays devraient enregistrer une hausse des défaillances d’entreprises cette année ».

Surtout, Coface s’inquiète des effets collatéraux de cette guerre commerciale sur certains secteurs économiques et sur les pays les plus exposés aux échanges commerciaux qui selon le spécialiste baisseront de 0,7% en volume cette année.

Concernant les secteurs, la Coface déclasse 27 évaluations sectorielles ce trimestre, notamment dans l’automobile, la métallurgie, la distribution, et l’habillement.

« Le secteur automobile est emblématique des difficultés actuelles de l’économie mondiale. Il est à la fois pénalisé par le ralentissement conjoncturel observé dans bon nombre de régions, par les risques politiques liés, notamment, au protectionnisme commercial et à des changements structurels liés à l’évolution des comportements de consommation (par exemple le taux d’équipement élevé des ménages chinois et les nouvelles réglementations anti-pollution en Europe) », peut-on lire.

Le secteur automobile se retourne

Quatre évaluations sectorielles sont au contraire en amélioration. Parmi elles figure la métallurgie au Canada, qui profite de l’abandon de droits de douane des États-Unis sur les importations d’acier et d’aluminium.

Du côté des pays, les dégradations des évaluations de risque d’impayés par les entreprises pleuvent. « Les indicateurs de confiance dans de nombreux pays dans le monde sont en recul, en particulier dans les secteurs manufacturiers. C’est le cas en Allemagne où les indicateurs de confiance des entreprises tels que l’IFO sont, en juin, au plus bas depuis cinq ans ».

Et de détailler : « La production industrielle est en recul. Coface y prévoit une croissance économique de seulement 0,8% cette année (contre 1,5% l’année passée) et déclasse son évaluation pays de A1 à A2 ». Le pays perd donc sa note maximale encore détenue en Europe de l'Ouest par la Suisse, les Pays-Bas et la Norvège.

« L’industrie automobile allemande est l’un des principaux secteurs qui a contribué au ralentissement économique et aux difficultés de l’industrie du pays. La production automobile est passée d’un taux annuel de 5 % en février à environ -12% au printemps 2019», peut-on lire dans la note.

« Trois économies qui en sont dépendantes sont aussi déclassées : la République tchèque, la Slovaquie (toutes deux de A2 en A3) et l’Autriche (de A1 en A2). Le risque entreprise augmente aussi en Islande (déclassé en A3) ».

Effet tâche d'huile

Les guerres commerciales feront aussi tâche d’huile dans les pays émergents, prévient la Coface. « La recrudescence des inquiétudes quant au conflit commercial sino-américain a coïncidé avec le repli de la confiance des entreprises ainsi que des sorties de capitaux des marchés émergents en mai. L’environnement extérieur des économies émergentes semble donc aujourd’hui moins favorable, d’autant plus que les principaux débouchés des exportations des entreprises des pays émergents croîtront moins rapidement cette année (croissance ralentie aux États-Unis, en zone euro ou encore en Chine) ».

Quelques bons points sont néanmoins distribués. « Au rayon des bonnes nouvelles, les entreprises en Ouzbékistan (de C en B) et au Kirghizstan (de D en C) profitent de la poursuite d’une relative ouverture politique et économique ».

Rappelons que la note la plus haute (A1) représente un risque d’impayé « très faible » tandis que la note la plus basse (E) est associée à un risque « extrême ». A noter que l’évaluation de la France est stable à A2 (risque « peu élevé »).

Olivier CHICHEPORTICHE